«Le Seigneur,
s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le
Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras
trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.»
Cet événement marque un tournant dans l’histoire de
Pierre. Jésus lui avait dit: «Là ou je
vais, tu ne peux pas me suivre maintenant.» Pierre n’était pas dans l’état qui
convient pour suivre Jésus, parce qu’il n’avait pas été conduit jusqu’au bout
du processus de renoncement à soi-même; il ne se connaissait pas lui-même et,
pour cette raison, il n’était pas capable de suivre Jésus Christ. Mais quand il
sortit et pleura amèrement, un bouleversement se produisit dans sa vie. Antérieurement,
Jésus lui avait dit : «Quand tu seras converti, affermis tes frères.»
C’est à l’instant auquel le récit susmentionné fait référence que s’opéra la
conversion de Pierre, son passage de la vie dans la chair à la vie dans
l’esprit.
Je rends grâces à Dieu pour l’histoire de Pierre. Je ne
connais aucun homme dont il soit fait mention dans la Bible qui puisse nous procurer autant de
réconfort. Quand nous observons son caractère, sujet à tant de défaillances, et
quand nous considérons ce que le Seigneur a fait de lui par la puissance du
Saint-Esprit, il y a de l’espoir pour chacun de nous. Mais rappelez-vous que
Pierre, avant de pouvoir être rempli du Saint-Esprit et devenir un homme
nouveau, dut sortir et pleurer amèrement; il dut être humilié.
Il me semble pouvoir distinguer quatre étapes dans la vie
de Pierre. Tout d’abord, nous devons considérer Pierre en tant que disciple dévoué
à Jésus. Ensuite, Pierre aux prises avec la vie de la chair. Après cela, Pierre
lorsqu’il se repent. Et enfin, ce que le Seigneur a fait de Pierre par l’action
du Saint-Esprit.
1. Pierre, le disciple
dévoué
Jésus appela Pierre à laisser ses filets et à le suivre.
Pierre obéit immédiatement, ce qui lui permit de déclarer ensuite au Seigneur: «Voici, nous avons tout quitté et nous
t’avons suivi.» Pierre avait renoncé à tout pour suivre Jésus. Pierre avait
fidèlement obéi à Jésus. Rappelez-vous, quand Jésus lui dit: «Jetez le filet du côté droit de la barque
et vous trouverez du poisson»; Pierre, pêcheur de métier, savait qu’il n’y
avait pas de poisson à cet endroit-là ; il y avait travaillé toute la nuit
sans rien prendre. Mais il répondit: «Sur
ta parole, je jetterai le filet.» Il se soumit à la parole de Jésus. Pierre
avait une grande foi. Quand il vit le Seigneur marcher sur la mer, il s’écria: «Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille
à ta rencontre sur les eaux», et à la voix du Seigneur, il sortit de la
barque et marcha sur les eaux.
Jésus parle de Pierre comme de la pierre sur laquelle il
bâtira son Eglise et Il dit qu’il lui donnera les clefs du royaume des cieux.
Pierre était un homme remarquable, un disciple entièrement dévoué à Jésus. Cependant,
il lui manquait encore bien des choses.
2. Pierre aux
prises avec la vie de la chair
Pierre fut le premier des apôtres à déclarer publiquement
que Jésus est le Messie. Vous vous rappelez qu’aussitôt après avoir dit à
Pierre: «Ce ne sont pas la chair et le
sang qui t’ont révélé ces choses, mais c’est mon Père qui est dans les cieux»,
Jésus commença à parler de ses souffrances et Pierre se risqua à dire: «A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela nie
t’arrivera pas». Jésus dut lui dire: «Arrière
de moi, Satan, tu m’es en scandale! Car tes pensées ne sont pas les pensées de
Dieu, mais celles des hommes.»
Voici donc un Pierre qui exprime sa volonté propre, qui
s’appuie sur sa propre sagesse, et qui, en réalité, interdit au Messie de
souffrir et de mourir.
D’où cela provenait-il ? De ce que Pierre se confiait en
lui-même et dans sa conception personnelle des choses de Dieu.
Un peu plus loin dans le récit des évangiles, nous voyons
les disciples qui, à plusieurs reprises, cherchent à savoir lequel d’entre eux
est le plus important et Pierre faisait partie du nombre. Il pensait sérieusement
mériter la première place. Il recherchait sa propre gloire. Pierre vivait pour
lui-même.
Quand Jésus lui avait parlé de ses souffrances et avait
dû lui dire: «Arrière de moi, Satan»,
il avait ajouté: «Si quelqu’un veut venir
après Moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me
suive.» Nul ne peut suivre Jésus Christ s’il n’a fait cela. Il faut d’abord
renoncer à soi-même.
C’est là la première condition pour devenir un authentique
disciple de Jésus; mais Pierre ne parvenait pas à comprendre cela et il n’était
pas capable de s’y conformer.
Et qu’arriva-t-il ensuite? Lors de la dernière Cène,
Jésus lui dit: «Avant que le coq chante
deux fois, tu me renieras trois fois.» Mais Pierre, qui plaçait sa
confiance en lui-même, déclara: «Quand
tous t’abandonneraient, moi je ne t’abandonnerai pas! Je suis prêt à aller avec
toi en prison et à la mort.» Pierre disait cela en toute sincérité, et il
avait réellement l’intention de le faire; mais Pierre ne se connaissait pas en
vérité. Il ne se voyait sans doute pas comme aussi mauvais que ce que Jésus
avait affirmé à son sujet.
Dans un cantique, nous chantons: «Pur comme Toi», et nous
pensons sans doute aux péchés individuels qui nous séparent de Dieu. Mais que
faisons-nous de notre «moi» qui est impur et constitue notre véritable nature?
Pensons-nous à la chair qui est entièrement sous la puissance du péché? Nous
avons besoin d’en être délivrés. Pierre ne le savait pas et, trop confiant en lui-même,
il en vint à renier Jésus.
3. La repentance
de Pierre
Lorsque Pierre eut renié Jésus à trois reprises, Jésus se
retourna et posa son regard sur Pierre; ce regard de Jésus brisa le cœur de
Pierre. Ce dernier prit aussitôt conscience de l’étendue du péché qu’il venait
de commettre, de la terrible chute qu’il avait faite, et «Pierre sortit et pleura amèrement». Qui donc pourrait décrire la
profondeur de ce repentir durant les heures qui suivirent, ainsi que le lendemain, lorsque Pierre vit Jésus
crucifié et enseveli, et le jour suivant, le jour du shabbat… Dans quelle
honte, dans quel désespoir, il doit avoir passé ce jour! Mon Seigneur est mort,
mon espérance est morte et j’ai renié mon Seigneur! Après cette vie d’amour,
après ces trois années de communion spirituelle, j’ai renié mon Seigneur! O
Dieu, aie pitié de moi! Je ne pense pas que nous puissions réaliser la
profondeur de l’humiliation dans laquelle Pierre dut sombrer à ce moment-là.
Mais ce fut le point de départ d’une profonde
transformation dans la vie de Pierre. Après la résurrection, lorsque Jésus apparut
sur les bords du Lac de Galilée, il interrogea Pierre à trois reprises en
lui demandant: «M’aimes-tu?». Et
Pierre fut attristé parce que le Seigneur lui rappelait de la sorte qu’il
l’avait renié trois fois. Pierre lui répondit tristement, mais avec droiture: «Seigneur, tu sais toutes choses; tu sais
que je t’aime.»
4. La
transformation radicale de Pierre
Cette fois, Pierre était prêt pour être délivré de l’ego.
Vous savez qu’avant de monter aux Cieux, le Seigneur le mena avec d’autres
jusqu’au marchepied du trône, en lui demandant de veiller dans l’attente du don
du Saint-Esprit. Puis, le jour de la
Pentecôte, le Saint-Esprit vint et Pierre fut un autre homme. Certes, il est
soudain devenu audacieux, plein de puissance pour prêcher l’évangile et doué
pour comprendre le sens des Ecritures. Certes, il y avait une onction
particulière sur le discours qu’il prononça ce jour-là et Dieu soit loué pour
tout cela. Mais ce n’est pas tout. Mais il se produisit, dans le cœur de
Pierre, un changement plus profond et plus important que celui-là. La nature-même
de Pierre fut totalement changée. L’œuvre que le Seigneur avait initiée
lorsqu’il posa son regard sur lui après son triple reniement fut parachevée
lorsque Pierre fut rempli du Saint-Esprit.
Pour s’en rendre compte, il suffit de lire la première
épître de Pierre. Vous savez en quoi consistaient les défaillances de Pierre: le
fait de déclarer au Seigneur qu’il ne pouvait souffrir, qu’une chose pareille
ne pouvait pas lui arriver, démontre qu’il ne pouvait pas concevoir qu’il faille passer
par la mort pour entrer dans la vie. Le Maître l’invita à se renier lui-même,
au lieu de quoi il renia son Seigneur. Lorsque ce dernier le mit en garde en
lui disant: «Tu vas me renier»,
Pierre protesta en affirmant qu’il ne ferait jamais ça. Cela nous montre à quel point il connaissait
mal ce qu’il y avait dans son cœur. Mais à la lecture de l’épître de Pierre, lorsque
nous l’entendons déclarer: «Heureux êtes-vous lorsque vous êtes outragés pour
le nom du Christ, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur
vous», nous constatons que celui qui s’exprime ici n’a plus rien à voir avec
l’ancien Pierre ; ce sont les paroles d’un homme habité par l’Esprit-Saint
et à travers qui le Seigneur peut s’exprimer librement.
Quand il déclare: «Et
c'est à cela que vous avez été appelés, parce que le Messie aussi a souffert
pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces»,
nous pouvons voir à quel point Pierre est transformé. Au lieu de renier son Seigneur,
il met sa joie dans le renoncement à soi, dans la mort à soi-même et la
crucifixion de la chair. Dans le livre
des Actes, nous lisons que Pierre déclara vaillamment devant le grand
conseil : «Il faut obéir à Dieu
plutôt qu’aux hommes» et qu’il repartit tout joyeux d’avoir été jugé digne
de subir des outrages au nom de Jésus Christ.
Vous vous souvenez de cette exaltation de soi dont Pierre
était capable auparavant et écoutez-le maintenant parler dans sa lettre de « la pureté incorruptible d'un esprit doux et paisible, qui est
d'un grand prix devant Dieu » et affirmer un peu plus loin « Et tous, dans vos rapports mutuels,
revêtez-vous d'humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, Mais il fait grâce
aux humbles. »
Prenons le temps de considérer attentivement le
changement spectaculaire opéré en Pierre qui, de présomptueux, égocentrique,
autosuffisant, plein de péchés, sot et impétueux, se fourrant continuellement
dans les difficultés, est à présent rempli du Saint-Esprit et canal de la vie de
Jésus. C’est le Seigneur qui a opéré cela par l’action de son Saint-Esprit.
Conclusion
Pourquoi avoir subrepticement pointé le doigt vers cette
histoire de Pierre ? Parce qu’elle doit être celle de chaque croyant que
Dieu destine à être porteur de bénédiction. Cette histoire est une prophétie à
propos de ce que chacun peut obtenir dans le Royaume. Tachons à présent de
synthétiser sommairement l’enseignement que nous pouvons en tirer.
La première leçon est la suivante. Vous pouvez être une personne avec une foi sincère, réelle, vivante
mais en qui la puissance de la chair demeure néanmoins encore très forte. Il
s’agit d’une vérité à prendre très au sérieux. Avant de renier son Seigneur,
Pierre avait chassé des démons, guéri des malades. Cependant, la chair le
tenait encore en son pouvoir, la chair avait encore droit de cité en lui.
Bien-aimés, nous devons prendre conscience que c’est à cause de la survivance
du vieil homme en nous que la puissance
de Dieu ne peut se manifester à travers nous autant que Dieu le voudrait. Avez-vous
seulement conscience que Dieu désire ardemment multiplier sa bénédiction sur
nous et répandre dix fois plus de bénédiction à travers nous ? Mais il y a
quelque chose en travers de sa route, et cette chose n’est rien d’autre que la
vie de l’ego. Que nous parlions de l’orgueil de Pierre, de son impétuosité, de
sa présomption, tout cela prend racine dans ce seul petit mot : l’ego. Le
Seigneur avait dit : «Si quelqu’un
veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même» et Pierre n’a pas compris
cette exigence, il n’y a jamais obéi. Or tous ses échecs proviennent de là.
En prendre conscience devrait nous conduire à crier
d’urgence vers Dieu la prière suivante : Seigneur, révèle ceci à chacun
d’entre nous, qu’aucun de nous ne vive encore pour lui-même!
Il est arrivé à des personnes qui avaient été chrétiennes
depuis de nombreuses années, certaines en occupant une position importante dans
l’Eglise, qu’elles reçoivent de Dieu cette révélation et qu’elles en soient écrasées
de honte devant Dieu. Pierre sortit et pleura amèrement, nous est-il dit. Quelle
tristesse, quelle souffrance, quelle agonie ne fut pas la leur, jusqu’à ce
qu’elles découvrent qu’il y a une issue !
Et voici maintenant la seconde leçon: seul le Seigneur Jésus peut intervenir pour
nous révéler l’emprise de l’ego et nous en délivrer. Comment Pierre, ce
Pierre charnel, ce Pierre qui accomplissait sa volonté propre, a-t-il pu devenir
cet homme de la Pentecôte et l’auteur de ses deux épîtres? Tout simplement
parce que le Seigneur le prit sous sa
responsabilité, veilla sur lui, l’enseigna et le bénit. Les avertissements que Jésus
lui avait donnés faisaient partie du programme éducatif. Et au final, il y eut
ce regard d’amour. Lors de sa douloureuse Passion, le Seigneur n’a pas oublié
Pierre, mais il s’est retourné vers lui et a plongé ses yeux dans les siens. Aussitôt,
«Pierre sortit et pleura amèrement».
Le même Christ qui conduisit Pierre à la Pentecôte est
encore parmi nous et attend de pouvoir prendre en charge chaque cœur qui
accepterait de s’abandonner entièrement à lui. Si l’amour propre est
effectivement votre problème, que vous avez conscience de vivre encore pour
vous-même, d’obéir à votre propre volonté, de rechercher votre satisfaction
personnelle, remettez-vous en au seul Seigneur Jésus, qui peut vous délivrer. Nul
autre que lui ne peut vous libérer de la puissance de l’égo. Et que vous
demande-t-il de faire pour y arriver? Il vous demande simplement de vous
humilier devant Lui. Demandez-lui sincèrement pardon et demandez-lui de vous
transformer.
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