Lorsque nous sommes venus nous installer dans le village où
nous vivons actuellement, nous avons cherché un appartement qui correspondait à
nos besoins. Pensant avoir trouvé ce que le Seigneur nous réservait de mieux à
cet endroit, nous avons pris rendez-vous avec le délégué du propriétaire pour
établir un contrat de location – c’est de cette manière que cela fonctionne par
ici. Toutefois, avant de pouvoir recevoir les clefs de notre logement, mon
épouse et moi-même avons dû nous engager formellement à respecter le règlement
d’ordre intérieur de l’immeuble. Interdiction de cuisiner sur le balcon, d’y
pendre le linge à sécher ou d’y déposer le sac des poubelles. Interdiction de
pendre de nouveaux rideaux aux fenêtres sans l’approbation du propriétaire.
Obligation de veiller à la propreté des espaces communs et obligation de
respecter la tranquillité des autres habitants de l’immeuble, en particulier
durant les heures de la nuit. Etcétéra. Etcétéra.
Etcétéra. La personne qui a rédigé ce règlement très strict fait partie du
groupe de propriétaires qui a construit cette maison et vit sur place.
Or, il se fait que, depuis de nombreux mois, nous subissons
des nuisances de voisinage, à cause d’une porte de garage située juste en-dessous
de notre chambre à coucher et qui s’ouvre et se ferme à n’importe quelle heure
de la nuit. C’est très bruyant et cela nous empêche de dormir correctement. Par
conséquent, nous sommes de plus en plus fatigués et notre santé est de plus en
plus précaire. Liés par ce contrat de location que j’ai mentionné plus tôt,
nous ne pouvons pas nous en aller juste comme ça. Si nous décidons de partir
avant que trois années se soient écoulées, il nous faut obligatoirement verser
des indemnités de départ anticipé. Pour éviter cela, nous avons interpellé le délégué
du propriétaire, pour qu’il intervienne. Il a écrit une lettre qu’il a envoyée
à tous les occupants de l’immeuble, pour
exiger qu’ils fassent plus attention et respectent mieux le règlement d’ordre
intérieur, mais cela n’a pas beaucoup changé.
Alors, avec mon épouse, nous avons décidé de veiller à la
fenêtre, afin de découvrir qui pouvait être le ou les perturbateurs. Et
figurez-vous que la découverte que nous avons faite nous a plongés dans la
consternation. La personne qui occasionne le plus de dérangement est le
propriétaire lui-même, celui qui a rédigé ce règlement d’ordre intérieur et qui
exige de nous que nous le respections rigoureusement !
Si je vous parle de cette histoire, ce n’est évidemment pas
pour vous raconter tous mes ennuis, mais parce que nous pouvons en tirer une
leçon. En comparant ce propriétaire qui rédige le règlement d’ordre intérieur à
Dieu, qui édicte la Loi, j’ai vu à quel point la justice humaine est exécrable
et à quel point la justice de Dieu est admirable. De fait, à la différence du
mauvais propriétaire de cet immeuble, qui promulgue des lois qu’il impose aux
autres mais qu’il transgresse lui-même selon ses caprices du moment, notre Dieu
édicte des Lois qu’il est le premier à respecter et qu’il est même le seul à
respecter. Vous la voyez, la différence ?
D’un côté nous avons un pharaon, qui promulgue des décrets
pour maintenir ses serviteurs en esclavage, d’autre part, nous avons un Dieu
qui publie des ordonnances qui permettent à chacun de retrouver le chemin de la
liberté, ordonnances qu’il respecte lui-même et qu’il place donc au-dessus de
Lui-même aussitôt qu’il s’y soumet comme le ferait un fidèle serviteur.
Un vieil ami, père de huit enfants, m’avait un jour confié
que dans sa maison, tout le monde était tenu de respecter rigoureusement
l’horaire des repas. Il était intransigeant sur ce point. S’il avait été décidé
que le dîner était à sept heures, il fallait être à table à sept heures. On
rendait grâces à Dieu pour le repas, on s’asseyait, on remplissait les
assiettes, on mangeait, on débarrassait la table, on faisait la vaisselle et
tout le monde retournait à ses occupations. L’enfant qui ne respectait pas
cette directive était aussitôt privé de nourriture. Cela pourrait sembler dur comme
règle de vie, mais cet homme m’a expliqué que ce respect de l’horaire
apportait, en réalité, beaucoup plus de liberté à chacun. Si, dans une grande
famille, tout le monde arrivait plic-ploc au gré de ses caprices, le repas
s’éternisait inévitablement et les activités des uns et des autres en
pâtissaient. Par contre, en respectant cet ordre du chef de famille, les plus
jeunes avaient un point de repère stable autour duquel faire tourner la vie de
famille et les plus grands gagnaient du temps pour faire autre chose après le
repas. Nous voyons donc que certaines règles, certaines contraintes, ouvrent la
porte à plus de liberté.
Mais que penseriez-vous d’un père de famille qui imposerait
ce genre de règle à son épouse et à tous ses enfants mais qui, dans le même
temps, arriverait lui-même en retard : un jour deux minutes, le lendemain,
dix, puis une, puis à nouveau deux ? Certains enfants ne se
sentiraient-ils pas pousser tout à coup des ailes d’anges rebelles, en se
permettant d’arriver eux-mêmes en retard ou en commençant à murmurer
contre leur père ? Ils ne manqueraient pas de persécuter les plus sages ou
de les inciter à en faire autant, et tout cela aboutirait inéluctablement à la
mutinerie.
En Jésus, Dieu nous montre l’exemple. Jésus a dit qu’il
n’était pas venu pour abolir la Loi et les Prophètes mais pour l’accomplir. Il
est venu en serviteur de la Loi, non en législateur ou en réformateur de cette
Loi. Il s’y est soumis jusqu’à ce que cette obéissance le conduise à la
potence. ce faisant, nous est-t-il dit dans la lettre aux Colossiens
(Colossiens 2,15) : « il a
dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en
spectacle, en triomphant d'elles par la croix. », c’est-à-dire en
triomphant d’elles par son humilité. En renonçant à lui-même, en se faisant
obéissant à Dieu jusqu’à l’extrême, Jésus à démasqué tous ces esprits rebelles qui,
dans leur orgueil, s’étaient élevés au-dessus de Dieu et enfreignaient chacune
de ses ordonnances.
Jésus a dit : « Celui
qui me voit, voit celui qui m'a envoyé » (Jean 12,45) et « Celui qui m'a vu a vu le Père » (Jean
14,9). En voyant l’abaissement du Fils de l’homme, nous voyons donc Dieu, notre
Père, se plier Lui-même aux règles qu’il a édictées pour ses enfants. Il donne
l’exemple, il ouvre la voie, il se pose en modèle à suivre. Jésus n’a-t-il pas
affirmé par ailleurs que « le
serviteur n'est pas plus grand que son seigneur » (Jean 13,16) ? Comment
pouvons-nous donc nous élever au-dessus de la Loi, au-dessus des ordonnances de
l’Eternel si le Fils de l’homme lui-même s’y est soumis. Et qu’on ne vienne pas
me raconter que Jésus s’est soumis à la Loi à ma place. Il est mort à ma place,
parce que mes œuvres, toujours imparfaites, jamais totalement pures, ne peuvent
pas me racheter. Mais il l’a fait pour que je puisse à nouveau me soumettre à
la Loi en toute liberté, non m’y soustraire. Faites très attention : toute
doctrine qui contreviendrait à cette affirmation est le fruit d’anges rebelles.
Comme l’a dit Jésus : « Celui
donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera
aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des
cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là
sera appelé grand dans le royaume des cieux » (Jean 5,19). Et qui,
mieux que Jésus a observé les commandements, et qui, mieux que Jésus, a
enseigné à les observer par la parole et – tenez-vous bien – par l’exemple.
Dieu n’est donc pas comme ce propriétaire inique qui nous
rend la vie insupportable en nous imposant des choses qu’il ne pratique pas
lui-même, que le Seigneur ait pitié de son âme ! Dieu est d’une humilité
époustouflante. C’est donc cette bassesse du plus humble des hommes que je vous
invite à contempler dès à présent. Dans l’une de ses lettres, Jean écrit qu’à
l’heure de la manifestation en gloire de Jésus Christ, « nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel
qu'il est » (1 Jean 3,2). Puissiez-vous comprendre ces paroles
prophétiques non pas de manière charnelle, superficielle, mais authentiquement
spirituelle.
Personnellement, conscient de mon impuissance et de mon incapacité
totale, je demande à Jésus de m’apprendre à lui ressembler davantage au niveau
de ses qualités de cœur. Et la première que je lui demande est cette humilité
qui fait de lui le plus beau des enfants des hommes. Voulez-vous lui ressembler
un jour dans toute la splendeur de sa gloire ? Aspirez à l’humilité et
apprenez ce que signifie cette parole du livre des Psaumes (Psaume
51,17) « Les sacrifices qui plaisent
à Dieu sont un esprit brisé et un cœur broyé. Tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un esprit brisé et contrit. »
Phil Edengarden
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