22/03/2015

Où sont mes priorités ?

Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus.


La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?

Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit.

Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux?

Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie?
Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement?

Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.

Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?

Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous? Que boirons-nous? De quoi serons-nous vêtus? Car toutes ces choses, ce sont les sans-Dieu qui les recherchent.

Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Évangile selon Matthieu, chapitre 6

21/03/2015

La Création est © COPYRIGHT

Manifeste de Friedensreich Hundertwasser

Copyright signifie que la création est protégée contre l’imitation, l’altération, la mutilation et la destruction, que l’œuvre de création soit labellisée © ou non. Les amendes sont déjà sévères dans le cas de la violation du copyright pour des créations humaines alors que seul le créateur est affecté et qu’un nombre limité de personnes est concerné. Il s’agit d’un délit criminel.

Lorsque le copyright sur la création de la nature, dont dépend toute l’humanité, est violé, les enjeux ne sont pas mesurables et considérablement plus élevés, parce que c’est toute la vie sur terre et toute l’humanité qui est menacée.

L’homme est, depuis longtemps, la peste la plus redoutable qui ait jamais saccagé la terre.

A ce jour, les manipulations génétiques sont ce que l’homme a pu perpétrer de plus criminel et de plus insidieux.

Au lieu d’être les gardiens de la vie, des lois et des richesses sur terre, au lieu de respecter les limites de la barrière écologique pour que la terre puisse se régénérer, l’homme joue aux apprentis sorciers avec l’énergie nucléaire, les hormones, les poisons et la production de masse, l’aliénation psychologique, l’acceptation de l’esclavagisme dans la dépendance aux grosses corporations, la dictature de la laideur et une multitude de formes de destruction massive.

A présent, l’homme a l’arrogance de manipuler l’essence-même des organismes vivants qui dépendent les uns des autres dans un système formidable où tout est interconnecté, en équilibre et fonctionne parfaitement depuis les millions d’années.

Dans le domaine des manipulations génétiques, il n’y a pas de place pour la fonction suprême de la beauté de toute la création ni pour ses grandes et sublimes lois de l’harmonie.

Le dédain de la beauté, le profit et les avantages futiles à court terme en sont les seules motivations.

L’homme n’a pas le droit de transformer l’essence de la vie alors qu’il en ignore totalement les conséquences à long-terme, bien au-delà de la durée de vie des individus.

L’homme détruit ses propres origines, son propre avenir, sa propre existence, laquelle repose sur une infinité de lois environnementales et génétiques en interaction précise les unes avec les autres.

Chaque être vivant et toute manifestation de la vie sur terre, que ce soient les papillons, les fleurs, les arbres, les fruits, les champignons, les animaux – des microbes aux éléphants – remplissent une fonction qui dépasse de loin le seul fait d’être utiles à l’homme. Cela dépasse de loin l’entendement de l’homme.

L’homme présomptueux pense seulement en termes d’exploitation au profit de ses propres avantages éphémères et futiles.

Pour les manipulateurs génétiques, la nature et la création, qui devraient demeurer tabou, ne sont rien d’autre que de la matière première sans défense, juste bonne à se laisser accaparer et mutiler à volonté, sans qu’intervienne le moindre copyright limitatif inquiétant.
Dans sa convoitise, l’homme oublie qu’il est lui-même dépendant de ces merveilleux dons de la nature et de la création, qui sont en interaction délicate les uns avec les autres ; ils proviennent d’un trésor fantastique qui est hors de portée pour l’homme.

Si l’homme en vient à tuer la puissance qui le maintient en vie, si l’homme vandalise ce trésor grâce auquel il lui est possible de subsister sur la terre, il s’autodétruit.

A ce jour, de tous les suicides collectifs, les manipulations génétiques ont amorcé le plus stupide.

Hundertwasser
4 novembre 1999, Nouvelle-Zélande

(Traduction © Phil Edengarden)


20/03/2015

L'amour c'est mon poing final - Tim Guénard

Tim Guénard dit, au sujet du père Thomas Philippe: « Il me regardait plus joliment que je me regardais moi-même; et je pense que pour pouvoir voir Dieu comme un père, il faut d'abord rencontrer des hommes qui soient pères. »  
Tim Guénard est né en 1958. Il a raconté, dans plusieurs livres, son expérience d'enfant battu ayant réussi à rebondir.


Abandonné à l'âge de trois ans par sa mère, il est confié à son père, ancien commando et garde du corps dans une ambassade. Furieux du départ de sa compagne, cet homme d’origine iroquoise se réfugie dans l'alcool et maltraite son fils. Alors qu'il a cinq ans, Tim se plaint auprès d'une assistante sociale. Apprenant la nouvelle, son père le bat et le jette dans l'escalier de la cave. La mâchoire et les jambes brisées, Tim est alors envoyé à l'hôpital et son père est déchu de ses droits paternels.

Cloué durant deux ans sur son lit d'hôpital, Tim ne reçoit pas de visites. Il vole un jour le papier d’emballage cadeau d’un voisin de chambre sur lequel figure un nounours. Ce personnage est sa seule consolation,  qui lui fait coucou de la main. Pris en charge par l'Assistance Publique, accusé d'avoir incendié une grange, il part en maison de correction à l’âge de onze ans. Bizuté par ses camarades, il devient lui-même violent. À 12 ans, il fugue. Son désir est de vivre « libre » dans le Paris des années 60.

Violé par un « monsieur très chic », il échoue chez des braqueurs de prostituées qui l'embauchent comme guetteur, mais aussi comme gigolo. Il découvre la perversité de certains milieux mais aussi l'entraide entre les plus pauvres et l'amitié vraie. À 15 ans, il est pris par la police. Un juge lui donne sa chance et l'envoie en apprentissage chez un tailleur de pierres. Parallèlement, il découvre la boxe, qui l'aide à canaliser son énergie. Il décroche finalement un C.A.P. de tailleur-sculpteur de pierres des Compagnons du Devoir.

Tout à fait par hasard, il découvre la Communauté de l'Arche de Jean Vanier, où des personnes valides s’engagent à vivre en communauté avec des personnes handicapées mental.  La rencontre qu’il y fait avec Thomas Philippe est déterminante. Ce dernier, prêtre catholique, lui propose, à chaque rencontre et cela une année durant, de recevoir le pardon de Dieu. L’attitude bienveillante du père Philippe mène Tim sur la voie d’un retournement : il renonce à vouloir tuer son père, au lieu de quoi il parvient à lui pardonner et à surmonter le traumatisme de son enfance.

Depuis lors, marié, il se consacre aux jeunes en difficulté qu’il accueille dans sa maison du Sud-Ouest de la France.


Livres de Tim Guénard:

Plus fort que la haine ", J'ai lu, 2000
" Le pardon qui désenchaîne ", Ed. du Livre Ouvert, 2002
" Tagueurs d'espérance ", Presses de la renaissance, 2002
" Quand le murmure devient cri ", Ed. de la Loupe, 2006
" Le combat de l'amour", Ed. du Livre Ouvert, 2010

10/03/2015

Réflexions depuis le jardin défendu

LA PRÉVENANCE DE PÈRE

Je voudrais partager une petite réflexion au sujet de notre Papa, qui m’a beaucoup aidé à mieux percevoir son amour, cependant que son visage m’apparaissait parfois comme dur.

Chacun connaît le récit du livre de Genèse, dans lequel Dieu dit à l’homme, qu’Il a créé, de ne pas manger du fruit de l’arbre qui se trouve au milieu du jardin. Ce thème a servi de point de départ à une multitude d’œuvres d’art à travers les siècles, à tel point que l’imagerie précède souvent l’écrit et en parasite le sens. N’évoque-t-on pas  souvent la pomme d’Adam,  alors  que le nom du fruit en question ne figure pas dans le texte et fait l’objet de moultes spéculations? Que nous dit l’Ecriture ?

« IHVH-Adonaï Élohim ordonne au glébeux pour dire: « De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, oui, du jour où tu en mangeras, tu mourras, tu mourras. » (Version de la Bible d’André Chouraqui)
Dieu est Père. Non seulement l’homme est-il sa créature, mais surtout son enfant. Dieu le chérit.

En amont de ce passage, il est dit que Dieu s’extasie devant l’ouvrage de ses mains. Chaque fois qu’il vient d’accomplir une œuvre, il exprime sa satisfaction en ces termes : « C’est bon ! » ou, selon la traduction de Chouraqui, « Quel bien ! ». Mais quand il s’agit de la création de l’homme et de la femme, il exprime cette satisfaction au superlatif : « C’est très bon ! » ou encore : « Quel bien intense ! ». L’homme est comme la prunelle de ses yeux. Et pour couronner cette créature d’une gloire éclatante, il lui fait don d’une réalité inestimable : la liberté.

Or, comment cette liberté peut-elle s’exprimer sans un interdit qu’il soit possible de respecter ou de transgresser ? Le Dieu du livre de la Genèse n’a pas créé une marionnette. Il laisse l’homme libre de répondre ou non à son amour. Mais en bon père, il met en garde son enfant. Il le prévient. Et c’est donc bien de cette façon qu’il convient de comprendre les termes de cet interdit que Dieu pose devant l’homme : « de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, oui, du jour où tu en mangeras, tu mourras, tu mourras ». Il ne s’agit pas d’une menace, mais bien d’une prévenance. Nous sommes mis en présence d’un être de relation qui expose clairement à son partenaire quelles sont les règles du jeu, et quelles seraient les conséquences d’un acte frauduleux. En d’autres termes, c’est comme s’il rappelait à l’homme sa liberté tout en lui en exposant les limites.

Un artiste sait à quel point la lumière a besoin de l’ombre pour s’exprimer. Comment faire éclater la lumière sur une toile si tout est blanc ? La lumière a besoin de l’ombre pour être rendue manifeste. Dans ce sens, la liberté a besoin de l’interdit pour être clairement révélée.

Par ailleurs, l’interdit posé par Dieu n’est pas, comme le serpent tentera de la faire croire à la femme dans la suite du récit, une limitation du potentiel dont l’homme dispose réellement. Que de fois n’avons-nous pas fait cette expérience par laquelle une apparente restriction de notre liberté de mouvement nous aura protégés d’un danger ou conduits à développer davantage certaines de nos facultés, notamment notre créativité ?

Enfin, Dieu est un père honnête, qui respecte les lois qu’il a lui-même mises en place, dussent-elles le mettre en fâcheuse position. Il prend le risque de perdre ceux qu’il aime si ces derniers devaient transgresser l’interdit et, par voie de conséquence, mourir. Dieu n’est donc pas une espèce de juge sévère ou de despote imbu de son pouvoir. Il démontre ici à quel point il est épris de l’homme et la femme qu’il a créés pour se tenir en vis-à-vis devant Lui.

Le maître-mot de ce récit pourrait être « confiance ». Dieu nous invite à faire confiance à sa parole, tout comme un papa le fait avec son enfant. Quiconque défierait sans cesse les limites posées par ses parents aurait tôt fait d’aller à sa perte. Quand un papa dit à un enfant de trois ans : « pose ce couteau de cuisine sur la table, sinon tu vas te couper », ce n’est pas pour ennuyer son enfant qu’il le fait, ni pour restreindre sa liberté de mouvement, mais, au contraire, pour le protéger à un stade de sa croissance où il ne peut pas encore faire usage d’un outil dont il pourra néanmoins s’aider plus tard ; par ailleurs, Dieu fait une telle confiance à l’homme que ce dernier a la possibilité d’en abuser à ses dépens. Dieu est amour, Dieu notre Père. 

Phil Edengarden