Manifeste
de Friedensreich Hundertwasser
Copyright
signifie que la création est protégée contre l’imitation, l’altération, la
mutilation et la destruction, que l’œuvre de création soit labellisée © ou non.
Les amendes sont déjà sévères dans le cas de la violation du copyright pour des
créations humaines alors que seul le créateur est affecté et qu’un nombre
limité de personnes est concerné. Il s’agit d’un délit criminel.
Lorsque le
copyright sur la création de la nature, dont dépend toute l’humanité, est
violé, les enjeux ne sont pas mesurables et considérablement plus élevés, parce
que c’est toute la vie sur terre et toute l’humanité qui est menacée.
L’homme
est, depuis longtemps, la peste la plus redoutable qui ait jamais saccagé la
terre.
A ce jour,
les manipulations génétiques sont ce que l’homme a pu perpétrer de plus
criminel et de plus insidieux.
Au lieu
d’être les gardiens de la vie, des lois et des richesses sur terre, au lieu de
respecter les limites de la barrière écologique pour que la terre puisse se
régénérer, l’homme joue aux apprentis sorciers avec l’énergie nucléaire, les
hormones, les poisons et la production de masse, l’aliénation psychologique,
l’acceptation de l’esclavagisme dans la dépendance aux grosses corporations, la
dictature de la laideur et une multitude de formes de destruction massive.
A présent,
l’homme a l’arrogance de manipuler l’essence-même des organismes vivants qui
dépendent les uns des autres dans un système formidable où tout est
interconnecté, en équilibre et fonctionne parfaitement depuis les millions
d’années.
Dans le
domaine des manipulations génétiques, il n’y a pas de place pour la fonction
suprême de la beauté de toute la création ni pour ses grandes et sublimes lois
de l’harmonie.
Le dédain
de la beauté, le profit et les avantages futiles à court terme en sont les
seules motivations.
L’homme n’a
pas le droit de transformer l’essence de la vie alors qu’il en ignore
totalement les conséquences à long-terme, bien au-delà de la durée de vie des
individus.
L’homme
détruit ses propres origines, son propre avenir, sa propre existence, laquelle
repose sur une infinité de lois environnementales et génétiques en interaction
précise les unes avec les autres.
Chaque être
vivant et toute manifestation de la vie sur terre, que ce soient les papillons,
les fleurs, les arbres, les fruits, les champignons, les animaux – des microbes
aux éléphants – remplissent une fonction qui dépasse de loin le seul fait
d’être utiles à l’homme. Cela dépasse de loin l’entendement de l’homme.
L’homme
présomptueux pense seulement en termes d’exploitation au profit de ses propres
avantages éphémères et futiles.
Pour les
manipulateurs génétiques, la nature et la création, qui devraient demeurer
tabou, ne sont rien d’autre que de la matière première sans défense, juste
bonne à se laisser accaparer et mutiler à volonté, sans qu’intervienne le
moindre copyright limitatif inquiétant.
Dans sa
convoitise, l’homme oublie qu’il est lui-même dépendant de ces merveilleux dons
de la nature et de la création, qui sont en interaction délicate les uns avec
les autres ; ils proviennent d’un trésor fantastique qui est hors de portée
pour l’homme.
Si l’homme
en vient à tuer la puissance qui le maintient en vie, si l’homme vandalise ce
trésor grâce auquel il lui est possible de subsister sur la terre, il
s’autodétruit.
A ce jour,
de tous les suicides collectifs, les manipulations génétiques ont amorcé le
plus stupide.
Hundertwasser
4 novembre
1999, Nouvelle-Zélande
(Traduction © Phil Edengarden)
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