21/03/2015

La Création est © COPYRIGHT

Manifeste de Friedensreich Hundertwasser

Copyright signifie que la création est protégée contre l’imitation, l’altération, la mutilation et la destruction, que l’œuvre de création soit labellisée © ou non. Les amendes sont déjà sévères dans le cas de la violation du copyright pour des créations humaines alors que seul le créateur est affecté et qu’un nombre limité de personnes est concerné. Il s’agit d’un délit criminel.

Lorsque le copyright sur la création de la nature, dont dépend toute l’humanité, est violé, les enjeux ne sont pas mesurables et considérablement plus élevés, parce que c’est toute la vie sur terre et toute l’humanité qui est menacée.

L’homme est, depuis longtemps, la peste la plus redoutable qui ait jamais saccagé la terre.

A ce jour, les manipulations génétiques sont ce que l’homme a pu perpétrer de plus criminel et de plus insidieux.

Au lieu d’être les gardiens de la vie, des lois et des richesses sur terre, au lieu de respecter les limites de la barrière écologique pour que la terre puisse se régénérer, l’homme joue aux apprentis sorciers avec l’énergie nucléaire, les hormones, les poisons et la production de masse, l’aliénation psychologique, l’acceptation de l’esclavagisme dans la dépendance aux grosses corporations, la dictature de la laideur et une multitude de formes de destruction massive.

A présent, l’homme a l’arrogance de manipuler l’essence-même des organismes vivants qui dépendent les uns des autres dans un système formidable où tout est interconnecté, en équilibre et fonctionne parfaitement depuis les millions d’années.

Dans le domaine des manipulations génétiques, il n’y a pas de place pour la fonction suprême de la beauté de toute la création ni pour ses grandes et sublimes lois de l’harmonie.

Le dédain de la beauté, le profit et les avantages futiles à court terme en sont les seules motivations.

L’homme n’a pas le droit de transformer l’essence de la vie alors qu’il en ignore totalement les conséquences à long-terme, bien au-delà de la durée de vie des individus.

L’homme détruit ses propres origines, son propre avenir, sa propre existence, laquelle repose sur une infinité de lois environnementales et génétiques en interaction précise les unes avec les autres.

Chaque être vivant et toute manifestation de la vie sur terre, que ce soient les papillons, les fleurs, les arbres, les fruits, les champignons, les animaux – des microbes aux éléphants – remplissent une fonction qui dépasse de loin le seul fait d’être utiles à l’homme. Cela dépasse de loin l’entendement de l’homme.

L’homme présomptueux pense seulement en termes d’exploitation au profit de ses propres avantages éphémères et futiles.

Pour les manipulateurs génétiques, la nature et la création, qui devraient demeurer tabou, ne sont rien d’autre que de la matière première sans défense, juste bonne à se laisser accaparer et mutiler à volonté, sans qu’intervienne le moindre copyright limitatif inquiétant.
Dans sa convoitise, l’homme oublie qu’il est lui-même dépendant de ces merveilleux dons de la nature et de la création, qui sont en interaction délicate les uns avec les autres ; ils proviennent d’un trésor fantastique qui est hors de portée pour l’homme.

Si l’homme en vient à tuer la puissance qui le maintient en vie, si l’homme vandalise ce trésor grâce auquel il lui est possible de subsister sur la terre, il s’autodétruit.

A ce jour, de tous les suicides collectifs, les manipulations génétiques ont amorcé le plus stupide.

Hundertwasser
4 novembre 1999, Nouvelle-Zélande

(Traduction © Phil Edengarden)


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