Message délivré le 12 août 1860 par Charles
Spurgeon.
Citation de l’évangile
selon Marc. C’est Jésus qui parle. Voici ce qu’il dit : « Toutes
les choses que vous désirez demander dans la prière, croyez que vous les avez
reçues, et vous les verrez s'accomplir. » (Marc 11 :24)
Ce verset a trait à la
foi aux miracles. Mais je pense que cela fait beaucoup plus référence au
miracle de la foi. Dans cette étude, nous allons le considérer sous cet angle.
Je crois que ce texte fut
l’apanage, non seulement des apôtres, mais aussi de tous ceux qui ont choisi de
marcher avec la même foi que les apôtres, qui ont pris au sérieux et qui ont
cru aux promesses du Seigneur Jésus-Christ.
Le conseil que Christ dispensa
aux Douze et à ses disciples immédiats nous est à présent destiné.
Puissions-nous avoir la grâce de nous y conformer toujours !
«
C'est pourquoi je vous dis: Toutes les choses que vous désirez demander dans la
prière, croyez que vous les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. »
Combien de personnes n’avouent-elles
pas n’avoir pas un goût prononcé pour la prière? Elles n’en négligent pas la
pratique car, cela, elles ne l’oseraient pas. Mais si elles le pouvaient, elles la négligeraient certainement, tant
elles y trouvent peu de plaisir.
N’avons-nous jamais
fait l’expérience de ces moments difficiles, où l’on avance dans la prière de
supplication comme sur une charrette dont on aurait retiré les roues ?
Certes, nous passons du temps à genoux, mais nous nous relevons fourbus, tel un
homme qui se serait couché sur son lit sans avoir pu dormir suffisamment et qui
n’aurait pas pu reprendre des forces. Dans la nécessité, notre conscience nous
pousse à nous mettre à genoux, mais il n'y a pas de douce communion avec Dieu.
Nous ne lui faisons pas part de nos besoins avec la ferme conviction qu'il va y
répondre. Après avoir fait l’inventaire d’un certain nombre de requêtes habituelles,
nous nous relevons de notre position à genoux, peut-être encore plus agités que
nous ne l’étions au niveau de notre conscience et l’esprit encore plus dérouté
qu’auparavant.
Il me semble que bon
nombre de Chrétiens pourraient avouer qu'ils ne prient pas autant parce que le
fait de pouvoir s'approcher de Dieu constitue une véritable bénédiction, que
parce qu’ils DOIVENT prier, parce que c'est leur devoir, parce qu'ils pensent
que s'ils ne le faisaient pas, ils perdraient une marque évidente de leur
appartenance au peuple chrétien.
Frères, je ne vous
condamne pas. Cependant, si je pouvais être un instrument qui contribue à vous
relever d’un état de grâce aussi bas et vous conduire vers plus de hauteur,
vers une meilleure santé spirituelle, mon âme en serait extrêmement heureuse.
Si je pouvais vous montrer une voie plus parfaite et si, à partir de ce jour,
vous pouviez arriver à considérer la prière comme étant votre élément naturel,
comme étant l'une des choses les plus sublimes à exercer au quotidien, si vous en
veniez à lui accorder plus d’attention qu’à vos besoins alimentaires
fondamentaux, si vous pouviez l’estimer comme un don du Ciel d’une valeur
inestimable, dans ce cas, j'aurai assurément atteint mon objectif, et il vous faudra
rendre grâces à Dieu pour une aussi grande bénédiction.
Je vous prie donc de m’accorder
toute votre attention tandis que nous allons examiner attentivement ces paroles :
« C'est pourquoi je vous dis:
Toutes les choses ce que vous désirez demander dans la prière, croyez que vous
les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. »
En y regardant bien, ce
verset énonce les conditions indispensables d’une réussite éclatante et les
qualités qui prévalent dans la prière. Selon la description de la prière que
nous expose notre Sauveur, il doit toujours y avoir quelque objet déterminé pour lesquels plaider.
Dans cette recommandation, il est dit « TOUTES
LES CHOSES que vous désirez demander». Jésus parle de choses, d’objets. Il semble donc qu’il n’ait pas conseillé aux
enfants de Dieu d’aller à Lui s’ils n’ont rien à lui demander !
Une autre condition
essentielle de la prière est un désir sincère.
Ce que le Maître suggère ici est que,
lorsque nous prions, nous devons avoir des désirs. En effet, à moins qu'il n'y
ait une plénitude et un débordement de désirs, ce n'est pas la prière ;
cela peut ressembler à de la prière, en avoir la forme extérieure ou la
structure interne, mais on n’y retrouve aucun des attributs de la prière
authentique, laquelle est vivante, prédominante, toute-puissante.
De même, remarquez que la foi constitue une qualité essentielle
d’une prière couronnée de succès.
« Croyez que vous les avez
reçues », nous dit Jésus. A
quoi bon prier pour que le Ciel vous réponde et que les désirs de votre âme
soient comblés si vous ne croyez pas, au préalable, que Dieu vous entend bel et
bien et qu’il va vraiment vous répondre ?
Enfin, une quatrième
condition est posée par cette affirmation : « croyez que vous les avez reçues ». La conviction que la
réponse est déjà en chemin doit aller de pair avec une foi ferme. Jésus ne dit
pas « Croyez que vous allez les
recevoir » mais « Croyez
que vous les avez reçues. » Considérez donc vos demandes comme étant
déjà exaucées, et comportez-vous comme si elles étaient déjà en votre
possession. Croyez que vous les avez déjà obtenues, « et vous les verrez s'accomplir », nous dit Jésus.
A présent, prenons le
temps d’approfondir, point par point, chacune de ces quatre caractéristiques
que nous venons d’énoncer.
1.
L’objet de la prière
D’abord, pour qu’une
prière soit valable, nous avons besoin d’objets définis pour lesquels nous
allons plaider. Mes frères, dans nos prières, nous passons souvent d’une chose
à l’autre sans rien obtenir parce qu’en réalité, nous ne désirons pas
réellement obtenir quoi que ce soit. Nous passons sur de nombreux sujets de
prière, mais notre attention ne se fixe sur aucun d’eux en particulier. Ne vous
arrive-t-il jamais de vous mettre à genoux sans avoir réfléchi au préalable à
ce que vous alliez demander à Dieu ?
Vous le faites cela par
habitude, sans aucune motion de votre cœur. Vous êtes comme un homme qui se
rend dans un magasin et ne sait pas ce qu’il va y acheter. Il se peut qu’il
fasse un bon achat en passant mais ce n'est certainement pas le plan le plus
judicieux qu’il puisse adopter. De manière analogue, le Chrétien peut sentir
naître en lui un désir particulier après qu’il se soit mis à genoux, et obtenir
ensuite ce qu’il demande, mais combien de temps ne gagnerait-il pas si, après
avoir d’abord préparé son âme par un examen de conscience, il venait à Dieu avec
une vraie requête qui porte sur un objet particulier.
Si nous demandions à être reçus en audience à
la Cour du Roi, nous devrions pourvoir répondre clairement à la question
suivante : « Pour quel motif souhaitez-vous rencontrer Sa gracieuse
Majesté ? » Il ne faut pas s'attendre à pouvoir être introduit auprès
du Roi et de penser à quelque chose à demander une fois sur place. Il en va de même pour l’enfant de Dieu.
Il devrait pouvoir répondre à la grande
question: « Quelle est votre requête et quelle est votre demande, pour que
cela puisse vous être accordé ? »
Imaginez un archer qui
tire avec son arc sans savoir où se trouve la cible ! Pensez-vous qu’il va
pouvoir remporter quoi que ce soit ? Pouvez-vous concevoir qu’un navire
parte faire de la prospection en mer sans que son capitaine ait la moindre idée
de ce qu’il cherche ? Vous attendriez-vous à le voir revenir les cales
pleines de découvertes scientifiques ou de somptueux trésors en or ? Dans
tout ce que vous entreprenez, vous avez un plan d’action. En général, vous ne
partez pas au travail le matin sans savoir ce que vous allez faire de la
journée. Comment se fait-il que vous alliez
à Dieu sans savoir ce que vous avez l’intention d’obtenir ? Si vous aviez
un but précis, jamais vous ne considéreriez la prière comme quelque chose de
terne ou de pénible. Je suis persuadé que vous trépigneriez d’impatience à
l’idée de prier. Vous cous diriez : « Je souhaite absolument telle ou
telle chose en particulier. Vivement que je puisse m’approcher de mon Dieu pour
déverser mon âme devant Lui et Lui demander cette chose à laquelle mon âme
aspire tellement ! »
Dans la prière, il est
utile de focaliser son attention sur un objet précis ou de mentionner une
personne en particulier. N’intercédez
pas auprès de Dieu pour les pécheurs en général, mais plaidez pour l’un d’entre
eux. Si vous êtes animateur à l'école du dimanche, ne demandez pas seulement
que votre classe soit bénie, mais priez pour vos enfants en citant le nom de
chacun d’entre eux devant le Très-Haut. S’il
y a une grâce que vous souhaitez obtenir pour votre ménage, ne tournez pas
autour du pot mais soyez simple et allez droit au but. Lorsque vous priez Dieu,
dites-Lui ce dont vous avez besoin. Quand vous le priez, dites-Lui ce que vous
voulez. Si vous n'avez pas assez d'argent, si vous êtes dans la pauvreté, si
vous êtes en détresse, exposez le problème. Qu’il n’y ait pas de
fausse-modestie dans vos rapports avec Dieu. Venez-en aux faits et parlez-Lui
avec honnêteté. Il n'a pas besoin d’entendre ces jolies périphrases dont les
hommes font usage quand ils n'osent pas dire franchement ce qu'ils pensent réellement.
Avez-vous besoin d’une faveur temporelle ou spirituelle ? Dites-le.
Ne vous efforcez pas de
vous exprimer dans un langage biblique mais dites plutôt les choses avec les
mots qui vous viennent naturellement à l’esprit ; tenez-vous en à cela,
car telle est la meilleure façon de s’exprimer devant Dieu. Les mots qu’utilisa
Abraham étaient les meilleurs qui soient pour Abraham, et les vôtres seront les
meilleurs pour vous-même. Nul besoin d’étudier les expressions contenues dans
le texte des Ecritures pour pouvoir prier comme Jacob ou comme Elie, en
utilisant leurs expressions. Si vous le faites, vous êtes comme un perroquet.
Vous pouvez bien les imiter servilement au niveau de la forme, mais il vous
manque l’âme qui a suggéré et donné vie à leurs mots. Priez plutôt avec vos
propres mots. Parlez clairement et demandez à Dieu ce dont vous avez
besoin. Nommer les personnes, appelez
les choses par leur nom et allez droit au but en ce qui concerne l'objet de vos
supplications, et je suis certain que vous allez bientôt constater que la
lassitude et la monotonie dont vous faisiez l’expérience dans vos prières
d’intercessions fondront comme neige au soleil ou, tout au moins, ne seront plus aussi habituelles
qu’auparavant.
« Mais, me
direz-vous peut-être, je ne vois pas pour quelles choses précises je pourrais
bien prier ! » Ah! Mon cher frère, je ne sais pas qui vous êtes ni où
vous vivez, pour être exempt de toute espèce de besoin à confier à Dieu dans la
prière. Car, en ce qui me concerne, chaque jour m’apporte son lot de besoins et
ou de problèmes ; j'ai donc, chaque jour, quelque chose d’autre à rapporter
à mon Dieu. Mais admettons que nous n’ayons pas de problème pressent auquel
Dieu doive répondre. Avons-nous pour
autant atteint un tel niveau de grâce que nous n'ayons plus rien à demander à
Dieu ? Aimons-nous à ce point le Christ que nous n'ayons plus besoin de lui
demander la grâce de pouvoir l'aimer davantage? Avons-nous tellement de foi que
nous ayons plus besoin de crier « Seigneur, augmente ma foi » ?
Je suis certain qu’un
petit examen de conscience peut vous
aider à découvrir qu’il y a, en fait, toujours quelque besoin légitime qui
mérite qu’on aille frapper à la porte de la Miséricorde pour y
crier : « Donne-moi, Seigneur, ce que mon cœur désire. » Et
si, malgré tout, vous n'éprouvez aucun désir, allez à la rencontre d’un autre
Chrétien et faites-lui part de votre disponibilité. Il vous répondra
certainement: « Oh, si vous n'avez rien à demander à Dieu pour vous-même,
priez pour moi. » Demandez qu'une femme malade recouvre la santé. Demandez
au Seigneur le don de la tempérance pour quelqu’un dont le cœur est endurci et
dont le comportement est déplaisant. Demandez au Seigneur d'envoyer de l'aide à
un ministre qui a travaillé en vain et dépensé sa force pour rien.
Lorsque vous avez fait le
tour de ce qu’il y avait à demander pour vous-même, plaidez pour les autres. Et
si vous ne rencontrez personne qui puisse vous suggérer un thème de prière en
particulier, fixez les yeux sur les villes de Sodome ou de Gomorrhe des temps
présents et portez les dans vos prières en demandant à Dieu que les péchés qui
s’y pratiquent soient effacés et que le Seigneur ramène à Lui et en fasse
sortir autant de personnes que possible.
2.
Le désir d’exaucement
Bien entendu, la
formulation d’un sujet particulier de prière doit aller de pair avec le désir
sincère de son exaucement ! Un vieil adage dit que les prières froides appellent
le refus. Lorsque nous demandons quelque chose au Seigneur sans ardeur ni
ferveur, nous freinons en quelque sorte le mouvement de sa main et l'empêchons
de nous donner la bénédiction que nous prétendons rechercher. Lorsque vous avez
un objet en vue, votre âme doit devenir si possédée par la valeur de cet objet,
par le côté pressant de votre besoin, par le danger que vous encourriez si vous
n’obteniez pas gain de cause, que cela en devienne comme une question de vie ou
de mort.
Ce caractère zélé de la
prière peut être illustré par l’histoire de ces deux dames de la noblesse
anglaise dont les époux avaient été condamnés à mort et qui se rendirent auprès
du roi George 1er pour le supplier d’épargner la vie de leurs époux
respectifs. Le roi les rudoya et les repoussa brutalement mais elles revenaient
à la charge de plus belle, se mettant à genoux devant lui pour le supplier
encore et encore, refusant de se relever tant qu’elles ne seraient pas
exaucées, à tel point qu’il fallut les chasser de la Cour/… / C’est de cette
façon-là que nous devrions implorer Dieu. Nous devons avoir un tel désir pour
ce que nous voulons, que nous ne nous relèverons pas avant de l’avoir obtenu.
Mais attention : que cela soit fait dans la soumission à la volonté de
Dieu. Nous devons percevoir que ce que nous demandons ne peut pas être une
erreur et que c’est en accord avec les promesses faites par Dieu dans sa
Parole. Nous pouvons alors plaider notre cause avec persévérance, en invoquant
encore et encore ces promesses faites par Dieu, sans en démordre et n’acceptant
de nous taire qu’une fois ouvertes les écluses du Ciel.
Il n'est pas étonnant
que Dieu ne nous ait pas beaucoup bénis jusqu’à présent, car nous ne sommes pas
aussi fervents dans la prière que nous le devrions. Oh, toutes ces prières froides
qui viennent s’échouer sur nos lèvres, ces supplications glaciales ! Elles
laissent le cœur des hommes qui les entendent totalement indifférents, pourquoi
feraient-elles fléchir le cœur de Dieu ? Cela ne vient pas du fond de notre
âme, cela n’émerge pas des sources profondes de notre cœur ; comment cela
peut-il émouvoir celui qui n’entend que les cris du cœur et devant qui l'hypocrisie
n’a pas de place, pas plus que ce que nous ne pratiquons que pour la forme.
Nous devons être sincères, sans quoi, ce n’est pas la peine d'espérer que le
Seigneur entende notre prière.
Voyez-vous, mes frères,
il ne suffit pas de réfréner notre légèreté ou de mettre un terme à note manque
de sincérité : il faut encore que nous prenions pleinement conscience de
la grandeur de l’être devant qui nous plaidons. Irai-je me présenter à toi, ô
mon Dieu, et me moquer de toi avec des mots glacials ? Tandis que les
Anges se voilent devant ta face, vais-je me contenter, moi, de poser devant toi
des gestes sans cœur et sans âme ?
Ah, mes frères, avons-nous seulement conscience que nos prières, quand
elles sont molles, sont une abomination pour le Seigneur. Ne serait-ce pas une
abomination semblable pour vous et moi si quelqu’un nous demandait quelque
chose en rue comme s’il n’en avait pas vraiment besoin ? Or, n’en
avons-nous pas fait de même avec Dieu ? Ce qui constitue la plus grande
des bénédictions faites à l’homme est-il devenu un devoir aussi sec et inerte
que du bois mort ?
John Bradford avait la
réputation d’obtenir ce qu’il voulait dans la prière. Lorsqu’on lui demanda de
révéler son secret, il répondit : « Quand je sais ce que je veux, je
m’en tiens à cette seule prière jusqu'à ce que j’aie la conviction d’avoir
épuisé tous les arguments de ma plaidoirie devant Dieu, et jusqu'à ce que Dieu
et moi soyons venus à un accord. Je ne passe jamais à une autre pétition avant
d’en avoir d’abord fini avec la première. »
Hélas, qu’en est-il de
ces individus qui récitent cette prière : « Notre Père qui êtes aux
Cieux, que votre nom soit sanctifié » et qui, avant qu’ils ne soient
réellement entrés dans une démarche d’adoration, enchaînent aussitôt avec les
mots suivants : « que votre règne arrive ». Il se peut alors
qu’ils se sentent interpellés intérieurement par une question du genre :
« Ai-je réellement le désir que le Royaume de Dieu advienne ? Où en
serai-je si cela devait arriver maintenant ? » Et pendant qu’ils y
réfléchissent encore, leur voix poursuit aussitôt avec les mots « Que ta
volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ». En enchaînant tous
ensemble les mots de ce texte, ils en viennent à rabâcher leurs prières, au
lieu de s’arrêter à chaque phrase, jusqu’à ce qu’ils l’aient vraiment priée,
avant de passer à la suivante. N'essayez pas de placer deux flèches à la fois
sur la corde de votre arc ; elles manqueront la cibles toutes deux. Quiconque
chargerait son arme à feu avec deux balles en même temps ne doit pas s’attendre
à être efficace. Tirez une première fois, et puis rechargez votre arme avant de
tirer une deuxième fois.
Obtenez gain de cause
pour votre premier plaidoyer avec Dieu, puis passez à la plaidoirie suivante.
Obtenez la première grâce, puis attaquez-vous à la seconde. Comment pouvez-vous
être satisfaits du résultat si les couleurs de vos prières se mélangent les
unes aux autres, à tel point que le tableau ne ressemble plus qu’à une grosse
tache, une superposition de couleurs qui se chevauchent sans qu’on puisse
distinguer le moindre contour. Considérez la prière du « Notre
Père » : voyez combien les contours sont nets. On y demande des
grâces précises, distinctes les unes des autres. Et lorsque l’on prend du recul
pour contempler l’ensemble, le tableau est superbe, tout y est ordonné, sans
aucune confusion. Qu’il en soit ainsi avec vos prières. Tenez-vous en à une
seule chose jusqu’à la victoire, puis passez à la suivante. En associant des
objets clairement définis et des désirs ardents, vous êtes sur le point de
remporter des victoires avec Dieu.
3.
Une foi ferme
Mais attention :
ces deux composantes ne servent à rien si elles ne se marient pas avec cet
élément encore plus essentiel et divin, à savoir une foi ferme en Dieu.
Frères, croyez-vous à
la prière ? Je sais que vous priez parce que vous êtes le peuple de Dieu.
Mais croyez-vous à la puissance de la prière ? Rares sont les Chrétiens
qui y croient : ils pensent qu’il s’agit d’une bonne chose et ils sont
convaincus que cela peut quelquefois produire des miracles. Mais ils ne pensent
pas que la prière, la prière authentique, puisse atteindre son but à tous les
coups. Ils pensent que son résultat dépend de beaucoup d'autres facteurs, mais
pas que la prière soit une puissance en soi.
Ma conviction
personnelle est que la prière constitue la puissance la plus forte qui régisse
l’univers ; c’est une force plus souveraine que l'électricité, la force
d’attraction, la gravitation ou toute autre force secrète auxquelles les hommes
ont donné des noms savants sans pour autant y comprendre grand-chose. La prière
est aussi palpable, aussi vraie, aussi évidente, aussi invariable que toutes
ces lois de la matière et a une influence sur l'univers tout entier. Quand un
homme prie vraiment, la question n’est pas de savoir si Dieu l'entend ou non,
car Dieu est forcé de l'entendre. Et savez-vous pourquoi ? Non pas parce
que sa prière véhiculerait une quelconque force de persuasion, mais tout
simplement parce que cette prière repose sur une promesse de la part de Dieu.
Dieu a promis d’entendre sa prière et il ne peut qu’être fidèle à cette
promesse. En tant que Dieu très haut et véritable, il ne peut se contredire
lui-même.
Prenez le temps de
considérer tout ceci : vous qui n’êtes qu’un homme insignifiant, vous
pouvez vous tenir debout devant Dieu, lui parler et, à votre demande, Dieu peut
déplacer des montagnes. Pourtant,
lorsque votre prière est entendue, l’ordre de la création n’en est pas, pour
autant, perturbé, la providence ne s’en trouve pas, pour autant, désorganisée une
seule seconde. Tout va continuer de la même manière : pas une feuille ne
tombera de l'arbre avant l’heure, pas une étoile n’interrompra sa course, pas
une goutte d'eau ne jaillira plus lentement de sa source. Néanmoins, votre
prière aura affecté toutes choses. Votre prière parlera aux décrets et aux plans de Dieu, tel qu’ils sont appliqués jour
après jour. Ces derniers répondront à votre prière, en disant : « Tu
es notre sœur. Nous sommes des desseins et des ordonnances, et toi, tu es une
prière et, comme telle, tu es également un décret, aussi vieux, aussi sûr, aussi
ancien que nous le sommes. »
Mes frères, nos prières
sont des décrets divins sous une autre forme. Les prières du peuple de Dieu ne
sont rien de moins que des promesses divines exprimées par des cœurs vivants :
ce sont des décrets divins sous une forme et un mode différents. Ne dites pas :
« Comment mes prières peuvent-elles affecter les décrets ? »
Elles ne le peuvent qu’à la condition d’être elles-mêmes des décrets. De fait,
toute prière inspirée du Saint-Esprit est un décret, aussi omnipotent et aussi
éternel que celui qui exprime : « Que la lumière soit et la
lumière fut », ou comme ce décret qui détermine que la rédemption doive se
faire par le précieux sang du Christ.
Vous avez du pouvoir par la prière, et
vous êtes désormais parmi les ministres les plus puissants que Dieu ait créés dans
tout l'univers. Vous avez du pouvoir sur les anges : ils voleront à vote
secours si vous le demandez. Vous avez du pouvoir sur le feu, et l'eau, et les
éléments de la terre. Vous avez le pouvoir de faire entendre votre voix au-delà
des étoiles, là où le son du tonnerre est si lointain qu’il s’apparente à du
silence. Là-haut, votre voix à vous peut être entendue. L'oreille de Dieu vous
y écoutera et la main de Dieu se pliera à votre volonté. Il vous demande de
crier : « Que votre volonté soit faite », et votre volonté sera
faite. Quand vous êtes capable de plaider sa promesse, votre volonté est
également la sienne. Mes chers amis, cela ne vous apparaît-il pas comme une
chose terrible que de disposer d’un tel pouvoir entre les mains dès lors
qu’on se met à prier ?
Sans doute avez-vous déjà entendu parler
de ces mystiques bizarres qui prétendaient avoir des pouvoirs surnaturels au
moyen desquels ils pouvaient, en invoquant des esprits de l’abîme, faire tomber
la pluie ou arrêter la course du soleil. Tout cela n’est que le produit de
l’imagination Mais admettons que cela fut vrai, le Chrétien leur serait
supérieur. Il lui suffit d’avoir la foi en Dieu pour que rien ne lui soit
impossible : il sera sauvé des eaux les plus profondes, il sera préservé
des ennuis les plus graves, il sera nourri au temps de la famine, il ne sera
pas atteint par la peste, il se tiendra debout et marchera d’un pas ferme au
milieu des calamités, il sera protégé en temps de guerre, il relèvera la tête
au cœur de la bataille. Il lui suffit de croire à la promesse, de la présenter
aux yeux de Dieu et de plaider en sa présence avec le charme d’une confiance indéfectible.
J’insiste sur ce point : Il n'y a
rien, aucune force aussi formidable, aucune énergie aussi merveilleuse, que cette
puissance dont Dieu a pourvu chaque homme qui, à l’instar de Jacob, peut lutter
avec lui dans la prière, et qui, comme Israël, peut remporter la bénédiction.
Mais nous devons croire fermement que la prière est réellement ce levier qui
permet de soulever des montagnes. Si je ne crois pas que ma prière sera
efficace, elle ne le sera pas ; son efficacité dépend en grande partie de
ma foi. Il se peut que Dieu me fasse une faveur, même si je n'ai pas la foi, il
est souverain et entièrement libre de le faire. Mais ce ne sera pas sur la base
de sa promesse. Par contre, quand j'ai la foi et que, animé d’un fervent désir,
je peux plaider une cause sur base de cette promesse, l’accomplissement de ma
volonté et la bénédiction qui va m’être accordée ne sera plus de l’ordre de la
probabilité. A moins que l'Éternel ne se détourne de sa Parole, à moins que le
serment qu'il a prononcé ne soit révoqué – dans quel cas Dieu cessera de
lui-même d'être ce qu'il est – « Nous savons avec certitude que nous
possédons la réponse favorable aux pétitions que nous lui avons
adressées. »
4. L’attente de
la réalisation
Enfin, à la définition de l’objet de
notre prière, à l’expression fervente de notre désir, à la foi ferme dans
l’efficacité de la prière, il nous faut
ajouter une dernière composante : l’attente de sa réalisation, autrement
dit, la conviction que la réponse est déjà en chemin. Nous devrions pouvoir
compter sur les miséricordes de Dieu avant de les avoir obtenues, être persuadés
qu’elles sont déjà en voie de réalisation.
Le livre de Daniel rapporte un dialogue
entre le prophète et l’archange Michaël. Daniel est à genoux, en prière, et l'archange
Michaël vient le visiter. Dans son adresse, l’archange révèle à Daniel que, dès
l’instant où ce dernier a commencé à prier, dès l’instant où il a mis son cœur
en mouvement en s’humiliant devant Dieu, ses paroles ont été entendues, et, aussitôt, le Seigneur a envoyé l'ange. Il lui dit
ensuite, de la manière la plus commerciale qui soit au monde : « J'aurais
dû arriver plus tôt, mais le prince de Perse m'a retardé. Toutefois, le prince
de ta nation est venu me prêter main forte, et j’ai pu venir te réconforter enfin
et te donner des instructions. » Voyez ce qui se passe : Dieu inspire
un désir dans nos cœurs, et dès que le désir est là, avant-même que nous ne
l'appelions, il commence à répondre. Tandis que nous savons ce que nous allons
demander, avant que les mots ne soient parvenus à mi-hauteur vers le Ciel, il
commence à leur répondre, envoie l'ange et à son ordre, l'ange vient apporter
la bénédiction dont nous avons besoin. En quoi tout ceci serait-il encore une
révélation si vous pouviez le voir de vos yeux ?
Certaines personnes pensent que les
choses spirituelles sont de l’ordre du rêve et que nous parlons de choses
imaginaires. Il n’en est rien ! Je crois que la prière d'un Chrétien est
aussi réelle que l’éclair. De fait, l'utilité et l'excellence de la prière d'un
Chrétien peuvent être rendus aussi perceptibles que la puissance de l’éclair
lorsque celui-ci s’abat sur un arbre, brise ses branches et le fend jusqu’à la
racine. La prière n'est pas une fiction imaginaire ; c'est une chose bien
réelle, qui a un impact sur l'univers, qui lie les lois-mêmes de Dieu avec des entraves
et qui contraint le Très-Haut et le Saint à écouter la volonté de sa pauvre
hutte, cette créature privilégiée qu’est l’être humain. Il faut y croire !
Nous avons besoin, dans la prière, de nourrir l’attente de sa réalisation, d’alimenter
la conviction que la réponse est déjà en chemin, de compter sur les miséricordes avant leur
avènement, d’agir comme si nous les avions déjà obtenues. Quand vous avez
demandé votre pain quotidien, ne vous inquiétez plus de ce souci, mais croyez
que Dieu vous a entendu et va vraiment vous le donner. Lorsque vous avez présenté
à Dieu le cas de votre enfant malade, croyez que l'enfant va se remettre, et si
ce n’est pas le cas, que ce sera en vue d’une plus grande bénédiction pour vous
et d’un surcroît de gloire pour Dieu : remettez donc toutes choses entre
ces mains. Vous devez pouvoir affirmer : « Maintenant, je sais qu'il
m'a entendu, je vais me tenir comme un veilleur sur sa tour de guet, je vais me
mettre à l’écoute de Dieu et entendre ce qu’il veut dire à mon âme. »
As-tu déjà été déçu, Chrétien, lorsque tu as prié
avec foi dans l’attente de la réponse? Je peux en témoigner, ici, ce matin :
jamais Dieu ne m’a trompé ou déçu dès lors que je lui faisais pleinement
confiance. J’ai fait confiance aux hommes et j'ai été trompé. Mais mon Dieu n’a
pas refusé de répondre une seule fois à la moindre demande que je lui ai faite en
croyant qu’il accepterait de m’entendre et avec la certitude qu’il serait
fidèle à sa promesse.
D’aucuns diront : « Peut-on prier de la
sorte pour des choses temporelles ? ». Bien sûr que vous le pouvez. En
toutes choses, faites connaître vos besoins à Dieu. Ce n'est pas seulement pour
les affaires d’ordre spirituel, mais aussi pour les préoccupations
quotidiennes. Faites des plus petites choses un plaidoyer devant lui. Il est un
Dieu qui entend la prière; Il est le Dieu de votre ménage aussi bien que le
Dieu du Sanctuaire. Déposez tout devant Dieu. Comme un brave homme me le
confiait récemment au sujet de sa défunte épouse : « Oh, c’était une
femme à qui je ne pouvais rien demander sans qu’elle en fasse d’abord un sujet
d’intention de prière devant Dieu. Même si tu me dis que cela n’en vaut pas la
peine, disait-elle, je dois d’abord en faire un sujet de prière ! »
Quelle bonne habitude que de déposer tout devant le Seigneur, tout comme
Ézéchias le fit pour la lettre de Rabschaké qu’il venait de recevoir et qu’il
apporta aussitôt au Sanctuaire de l’Eternel pour la déployer devant Lui.
Certains s’enthousiasment pour la vie de George
Muller car, n’ayant pas un sou vaillant en poche, il rassembla sept cents
enfants et crut que Dieu assurerait leur subsistance. Mais il n’a fait que ce qui
devrait être considéré comme une action banale de la part d’un Chrétien. Il a
agi sur base d’une règle dont le monde se moque, parce que le monde ne comprend
pas ces choses. Le monde voit cela comme un manque de sens commun. Or cette
manière de procéder s’appuie sur quelque chose de plus élevé que le sens
commun : sur une foi hors du commun.
Oh, si seulement nous avions tous cette foi hors du commun, qui prend
Dieu au mot ! Comment Dieu
permettrait-il que l'homme qui se confie en Lui soit confondu ou que la honte s’abatte sur lui ?
Voilà, j'ai donc exposé, du mieux que j’ai pu, ce
qui m’apparaît être les quatre aspects
fondamentaux de la prière : la définition de l’objet de notre
prière, l’expression fervente de notre désir, la foi ferme dans l’efficacité de
la prière et l’attente de sa réalisation.
« Toutes les choses que vous désirez demander dans la
prière, croyez que vous les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. »
Texte de Charles Spurgeon
Adaptation française: Phil Edengarden - restauration.spirituelle@gmail.com
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