02/11/2021

LA PRIÈRE VÉRITABLE, UNE VÉRITABLE PUISSANCE !


Message délivré le 12 août 1860 par Charles Spurgeon.

Citation de l’évangile selon Marc. C’est Jésus qui parle. Voici ce qu’il dit : « Toutes les choses que vous désirez demander dans la prière, croyez que vous les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. » (Marc 11 :24)

Ce verset a trait à la foi aux miracles. Mais je pense que cela fait beaucoup plus référence au miracle de la foi. Dans cette étude, nous allons le considérer sous cet angle.

Je crois que ce texte fut l’apanage, non seulement des apôtres, mais aussi de tous ceux qui ont choisi de marcher avec la même foi que les apôtres, qui ont pris au sérieux et qui ont cru aux promesses du Seigneur Jésus-Christ.

Le conseil que Christ dispensa aux Douze et à ses disciples immédiats nous est à présent destiné. Puissions-nous avoir la grâce de nous y conformer toujours !

«  C'est pourquoi je vous dis: Toutes les choses que vous désirez demander dans la prière, croyez que vous les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. »

Combien de personnes n’avouent-elles pas n’avoir pas un goût prononcé pour la prière? Elles n’en négligent pas la pratique car, cela, elles ne l’oseraient pas. Mais si elles le pouvaient,  elles la négligeraient certainement, tant elles y trouvent peu de plaisir.

N’avons-nous jamais fait l’expérience de ces moments difficiles, où l’on avance dans la prière de supplication comme sur une charrette dont on aurait retiré les roues ? Certes, nous passons du temps à genoux, mais nous nous relevons fourbus, tel un homme qui se serait couché sur son lit sans avoir pu dormir suffisamment et qui n’aurait pas pu reprendre des forces. Dans la nécessité, notre conscience nous pousse à nous mettre à genoux, mais il n'y a pas de douce communion avec Dieu. Nous ne lui faisons pas part de nos besoins avec la ferme conviction qu'il va y répondre. Après avoir fait l’inventaire d’un certain nombre de requêtes habituelles, nous nous relevons de notre position à genoux, peut-être encore plus agités que nous ne l’étions au niveau de notre conscience et l’esprit encore plus dérouté qu’auparavant.

Il me semble que bon nombre de Chrétiens pourraient avouer qu'ils ne prient pas autant parce que le fait de pouvoir s'approcher de Dieu constitue une véritable bénédiction, que parce qu’ils DOIVENT prier, parce que c'est leur devoir, parce qu'ils pensent que s'ils ne le faisaient pas, ils perdraient une marque évidente de leur appartenance au peuple chrétien.

Frères, je ne vous condamne pas. Cependant, si je pouvais être un instrument qui contribue à vous relever d’un état de grâce aussi bas et vous conduire vers plus de hauteur, vers une meilleure santé spirituelle, mon âme en serait extrêmement heureuse. Si je pouvais vous montrer une voie plus parfaite et si, à partir de ce jour, vous pouviez arriver à considérer la prière comme étant votre élément naturel, comme étant l'une des choses les plus sublimes à exercer au quotidien, si vous en veniez à lui accorder plus d’attention qu’à vos besoins alimentaires fondamentaux, si vous pouviez l’estimer comme un don du Ciel d’une valeur inestimable, dans ce cas, j'aurai assurément atteint mon objectif, et il vous faudra rendre grâces à Dieu pour une aussi grande bénédiction.

Je vous prie donc de m’accorder toute votre attention tandis que nous allons examiner attentivement ces paroles : «  C'est pourquoi je vous dis: Toutes les choses ce que vous désirez demander dans la prière, croyez que vous les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. »

En y regardant bien, ce verset énonce les conditions indispensables d’une réussite éclatante et les qualités qui prévalent dans la prière. Selon la description de la prière que nous expose notre Sauveur, il doit toujours y avoir quelque objet déterminé pour lesquels plaider. Dans cette recommandation, il est dit « TOUTES LES CHOSES que vous désirez demander». Jésus parle de choses, d’objets. Il semble donc qu’il n’ait pas conseillé aux enfants de Dieu d’aller à Lui s’ils n’ont rien à lui demander !

Une autre condition essentielle de la prière est un désir sincère. Ce que le Maître suggère ici  est que, lorsque nous prions, nous devons avoir des désirs. En effet, à moins qu'il n'y ait une plénitude et un débordement de désirs, ce n'est pas la prière ; cela peut ressembler à de la prière, en avoir la forme extérieure ou la structure interne, mais on n’y retrouve aucun des attributs de la prière authentique, laquelle est vivante, prédominante, toute-puissante.

De même, remarquez que la foi constitue une qualité essentielle d’une prière couronnée de succès.  « Croyez que vous les avez reçues », nous dit Jésus. A quoi bon prier pour que le Ciel vous réponde et que les désirs de votre âme soient comblés si vous ne croyez pas, au préalable, que Dieu vous entend bel et bien et qu’il va vraiment vous répondre ?

Enfin, une quatrième condition est posée par cette affirmation : « croyez que vous les avez reçues ». La conviction que la réponse est déjà en chemin doit aller de pair avec une foi ferme. Jésus ne dit pas « Croyez que vous allez les recevoir » mais « Croyez que vous les avez reçues. » Considérez donc vos demandes comme étant déjà exaucées, et comportez-vous comme si elles étaient déjà en votre possession. Croyez que vous les avez déjà obtenues, « et vous les verrez s'accomplir », nous dit Jésus.

A présent, prenons le temps d’approfondir, point par point, chacune de ces quatre caractéristiques que nous venons d’énoncer.

1. L’objet de la prière

D’abord, pour qu’une prière soit valable, nous avons besoin d’objets définis pour lesquels nous allons plaider. Mes frères, dans nos prières, nous passons souvent d’une chose à l’autre sans rien obtenir parce qu’en réalité, nous ne désirons pas réellement obtenir quoi que ce soit. Nous passons sur de nombreux sujets de prière, mais notre attention ne se fixe sur aucun d’eux en particulier. Ne vous arrive-t-il jamais de vous mettre à genoux sans avoir réfléchi au préalable à ce que vous alliez demander à Dieu ?

Vous le faites cela par habitude, sans aucune motion de votre cœur. Vous êtes comme un homme qui se rend dans un magasin et ne sait pas ce qu’il va y acheter. Il se peut qu’il fasse un bon achat en passant mais ce n'est certainement pas le plan le plus judicieux qu’il puisse adopter. De manière analogue, le Chrétien peut sentir naître en lui un désir particulier après qu’il se soit mis à genoux, et obtenir ensuite ce qu’il demande, mais combien de temps ne gagnerait-il pas si, après avoir d’abord préparé son âme par un examen de conscience, il venait à Dieu avec une vraie requête qui porte sur un objet particulier.

 Si nous demandions à être reçus en audience à la Cour du Roi, nous devrions pourvoir répondre clairement à la question suivante : « Pour quel motif souhaitez-vous rencontrer Sa gracieuse Majesté ? » Il ne faut pas s'attendre à pouvoir être introduit auprès du Roi et de penser à quelque chose à demander une fois sur place.  Il en va de même pour l’enfant de Dieu. Il  devrait pouvoir répondre à la grande question: « Quelle est votre requête et quelle est votre demande, pour que cela puisse vous être accordé ? »

Imaginez un archer qui tire avec son arc sans savoir où se trouve la cible ! Pensez-vous qu’il va pouvoir remporter quoi que ce soit ? Pouvez-vous concevoir qu’un navire parte faire de la prospection en mer sans que son capitaine ait la moindre idée de ce qu’il cherche ? Vous attendriez-vous à le voir revenir les cales pleines de découvertes scientifiques ou de somptueux trésors en or ? Dans tout ce que vous entreprenez, vous avez un plan d’action. En général, vous ne partez pas au travail le matin sans savoir ce que vous allez faire de la journée.  Comment se fait-il que vous alliez à Dieu sans savoir ce que vous avez l’intention d’obtenir ? Si vous aviez un but précis, jamais vous ne considéreriez la prière comme quelque chose de terne ou de pénible. Je suis persuadé que vous trépigneriez d’impatience à l’idée de prier. Vous cous diriez : « Je souhaite absolument telle ou telle chose en particulier. Vivement que je puisse m’approcher de mon Dieu pour déverser mon âme devant Lui et Lui demander cette chose à laquelle mon âme aspire tellement ! »

Dans la prière, il est utile de focaliser son attention sur un objet précis ou de mentionner une personne en particulier.  N’intercédez pas auprès de Dieu pour les pécheurs en général, mais plaidez pour l’un d’entre eux. Si vous êtes animateur à l'école du dimanche, ne demandez pas seulement que votre classe soit bénie, mais priez pour vos enfants en citant le nom de chacun d’entre eux devant le Très-Haut.  S’il y a une grâce que vous souhaitez obtenir pour votre ménage, ne tournez pas autour du pot mais soyez simple et allez droit au but. Lorsque vous priez Dieu, dites-Lui ce dont vous avez besoin. Quand vous le priez, dites-Lui ce que vous voulez. Si vous n'avez pas assez d'argent, si vous êtes dans la pauvreté, si vous êtes en détresse, exposez le problème. Qu’il n’y ait pas de fausse-modestie dans vos rapports avec Dieu. Venez-en aux faits et parlez-Lui avec honnêteté. Il n'a pas besoin d’entendre ces jolies périphrases dont les hommes font usage quand ils n'osent pas dire franchement ce qu'ils pensent réellement. Avez-vous besoin d’une faveur temporelle ou spirituelle ? Dites-le.

Ne vous efforcez pas de vous exprimer dans un langage biblique mais dites plutôt les choses avec les mots qui vous viennent naturellement à l’esprit ; tenez-vous en à cela, car telle est la meilleure façon de s’exprimer devant Dieu. Les mots qu’utilisa Abraham étaient les meilleurs qui soient pour Abraham, et les vôtres seront les meilleurs pour vous-même. Nul besoin d’étudier les expressions contenues dans le texte des Ecritures pour pouvoir prier comme Jacob ou comme Elie, en utilisant leurs expressions. Si vous le faites, vous êtes comme un perroquet. Vous pouvez bien les imiter servilement au niveau de la forme, mais il vous manque l’âme qui a suggéré et donné vie à leurs mots. Priez plutôt avec vos propres mots. Parlez clairement et demandez à Dieu ce dont vous avez besoin.  Nommer les personnes, appelez les choses par leur nom et allez droit au but en ce qui concerne l'objet de vos supplications, et je suis certain que vous allez bientôt constater que la lassitude et la monotonie dont vous faisiez l’expérience dans vos prières d’intercessions fondront comme neige au soleil ou, tout  au moins, ne seront plus aussi habituelles qu’auparavant.

« Mais, me direz-vous peut-être, je ne vois pas pour quelles choses précises je pourrais bien prier ! » Ah! Mon cher frère, je ne sais pas qui vous êtes ni où vous vivez, pour être exempt de toute espèce de besoin à confier à Dieu dans la prière. Car, en ce qui me concerne, chaque jour m’apporte son lot de besoins et ou de problèmes ; j'ai donc, chaque jour, quelque chose d’autre à rapporter à mon Dieu. Mais admettons que nous n’ayons pas de problème pressent auquel Dieu doive répondre.  Avons-nous pour autant atteint un tel niveau de grâce que nous n'ayons plus rien à demander à Dieu ? Aimons-nous à ce point le Christ que nous n'ayons plus besoin de lui demander la grâce de pouvoir l'aimer davantage? Avons-nous tellement de foi que nous ayons plus besoin de crier « Seigneur, augmente ma foi » ?

Je suis certain qu’un petit examen de conscience  peut vous aider à découvrir qu’il y a, en fait, toujours quelque besoin légitime qui mérite qu’on aille frapper à la porte de la Miséricorde pour y crier : « Donne-moi, Seigneur, ce que mon cœur désire. » Et si, malgré tout, vous n'éprouvez aucun désir, allez à la rencontre d’un autre Chrétien et faites-lui part de votre disponibilité. Il vous répondra certainement: « Oh, si vous n'avez rien à demander à Dieu pour vous-même, priez pour moi. » Demandez qu'une femme malade recouvre la santé. Demandez au Seigneur le don de la tempérance pour quelqu’un dont le cœur est endurci et dont le comportement est déplaisant. Demandez au Seigneur d'envoyer de l'aide à un ministre qui a travaillé en vain et dépensé sa force pour rien.

Lorsque vous avez fait le tour de ce qu’il y avait à demander pour vous-même, plaidez pour les autres. Et si vous ne rencontrez personne qui puisse vous suggérer un thème de prière en particulier, fixez les yeux sur les villes de Sodome ou de Gomorrhe des temps présents et portez les dans vos prières en demandant à Dieu que les péchés qui s’y pratiquent soient effacés et que le Seigneur ramène à Lui et en fasse sortir autant de personnes que possible.

2. Le désir d’exaucement

Bien entendu, la formulation d’un sujet particulier de prière doit aller de pair avec le désir sincère de son exaucement ! Un vieil adage dit que les prières froides appellent le refus. Lorsque nous demandons quelque chose au Seigneur sans ardeur ni ferveur, nous freinons en quelque sorte le mouvement de sa main et l'empêchons de nous donner la bénédiction que nous prétendons rechercher. Lorsque vous avez un objet en vue, votre âme doit devenir si possédée par la valeur de cet objet, par le côté pressant de votre besoin, par le danger que vous encourriez si vous n’obteniez pas gain de cause, que cela en devienne comme une question de vie ou de mort.

Ce caractère zélé de la prière peut être illustré par l’histoire de ces deux dames de la noblesse anglaise dont les époux avaient été condamnés à mort et qui se rendirent auprès du roi George 1er pour le supplier d’épargner la vie de leurs époux respectifs. Le roi les rudoya et les repoussa brutalement mais elles revenaient à la charge de plus belle, se mettant à genoux devant lui pour le supplier encore et encore, refusant de se relever tant qu’elles ne seraient pas exaucées, à tel point qu’il fallut les chasser de la Cour/… / C’est de cette façon-là que nous devrions implorer Dieu. Nous devons avoir un tel désir pour ce que nous voulons, que nous ne nous relèverons pas avant de l’avoir obtenu. Mais attention : que cela soit fait dans la soumission à la volonté de Dieu. Nous devons percevoir que ce que nous demandons ne peut pas être une erreur et que c’est en accord avec les promesses faites par Dieu dans sa Parole. Nous pouvons alors plaider notre cause avec persévérance, en invoquant encore et encore ces promesses faites par Dieu, sans en démordre et n’acceptant de nous taire qu’une fois ouvertes les écluses du Ciel.

Il n'est pas étonnant que Dieu ne nous ait pas beaucoup bénis jusqu’à présent, car nous ne sommes pas aussi fervents dans la prière que nous le devrions. Oh, toutes ces prières froides qui viennent s’échouer sur nos lèvres, ces supplications glaciales ! Elles laissent le cœur des hommes qui les entendent totalement indifférents, pourquoi feraient-elles fléchir le cœur de Dieu ? Cela ne vient pas du fond de notre âme, cela n’émerge pas des sources profondes de notre cœur ; comment cela peut-il émouvoir celui qui n’entend que les cris du cœur et devant qui l'hypocrisie n’a pas de place, pas plus que ce que nous ne pratiquons que pour la forme. Nous devons être sincères, sans quoi, ce n’est pas la peine d'espérer que le Seigneur entende notre prière.

Voyez-vous, mes frères, il ne suffit pas de réfréner notre légèreté ou de mettre un terme à note manque de sincérité : il faut encore que nous prenions pleinement conscience de la grandeur de l’être devant qui nous plaidons. Irai-je me présenter à toi, ô mon Dieu, et me moquer de toi avec des mots glacials ? Tandis que les Anges se voilent devant ta face, vais-je me contenter, moi, de poser devant toi des gestes sans cœur et sans âme ?  Ah, mes frères, avons-nous seulement conscience que nos prières, quand elles sont molles, sont une abomination pour le Seigneur. Ne serait-ce pas une abomination semblable pour vous et moi si quelqu’un nous demandait quelque chose en rue comme s’il n’en avait pas vraiment besoin ? Or, n’en avons-nous pas fait de même avec Dieu ? Ce qui constitue la plus grande des bénédictions faites à l’homme est-il devenu un devoir aussi sec et inerte que du bois mort ?

John Bradford avait la réputation d’obtenir ce qu’il voulait dans la prière. Lorsqu’on lui demanda de révéler son secret, il répondit : « Quand je sais ce que je veux, je m’en tiens à cette seule prière jusqu'à ce que j’aie la conviction d’avoir épuisé tous les arguments de ma plaidoirie devant Dieu, et jusqu'à ce que Dieu et moi soyons venus à un accord. Je ne passe jamais à une autre pétition avant d’en avoir d’abord fini avec la première. »

Hélas, qu’en est-il de ces individus qui récitent cette prière : « Notre Père qui êtes aux Cieux, que votre nom soit sanctifié » et qui, avant qu’ils ne soient réellement entrés dans une démarche d’adoration, enchaînent aussitôt avec les mots suivants : « que votre règne arrive ». Il se peut alors qu’ils se sentent interpellés intérieurement par une question du genre : « Ai-je réellement le désir que le Royaume de Dieu advienne ? Où en serai-je si cela devait arriver maintenant ? » Et pendant qu’ils y réfléchissent encore, leur voix poursuit aussitôt avec les mots « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ». En enchaînant tous ensemble les mots de ce texte, ils en viennent à rabâcher leurs prières, au lieu de s’arrêter à chaque phrase, jusqu’à ce qu’ils l’aient vraiment priée, avant de passer à la suivante. N'essayez pas de placer deux flèches à la fois sur la corde de votre arc ; elles manqueront la cibles toutes deux. Quiconque chargerait son arme à feu avec deux balles en même temps ne doit pas s’attendre à être efficace. Tirez une première fois, et puis rechargez votre arme avant de tirer une deuxième fois.

Obtenez gain de cause pour votre premier plaidoyer avec Dieu, puis passez à la plaidoirie suivante. Obtenez la première grâce, puis attaquez-vous à la seconde. Comment pouvez-vous être satisfaits du résultat si les couleurs de vos prières se mélangent les unes aux autres, à tel point que le tableau ne ressemble plus qu’à une grosse tache, une superposition de couleurs qui se chevauchent sans qu’on puisse distinguer le moindre contour. Considérez la prière du « Notre Père » : voyez combien les contours sont nets. On y demande des grâces précises, distinctes les unes des autres. Et lorsque l’on prend du recul pour contempler l’ensemble, le tableau est superbe, tout y est ordonné, sans aucune confusion. Qu’il en soit ainsi avec vos prières. Tenez-vous en à une seule chose jusqu’à la victoire, puis passez à la suivante. En associant des objets clairement définis et des désirs ardents, vous êtes sur le point de remporter des victoires avec Dieu.

3. Une foi ferme

Mais attention : ces deux composantes ne servent à rien si elles ne se marient pas avec cet élément encore plus essentiel et divin, à savoir une foi ferme en Dieu.

Frères, croyez-vous à la prière ? Je sais que vous priez parce que vous êtes le peuple de Dieu. Mais croyez-vous à la puissance de la prière ? Rares sont les Chrétiens qui y croient : ils pensent qu’il s’agit d’une bonne chose et ils sont convaincus que cela peut quelquefois produire des miracles. Mais ils ne pensent pas que la prière, la prière authentique, puisse atteindre son but à tous les coups. Ils pensent que son résultat dépend de beaucoup d'autres facteurs, mais pas que la prière soit une puissance en soi.

Ma conviction personnelle est que la prière constitue la puissance la plus forte qui régisse l’univers ; c’est une force plus souveraine que l'électricité, la force d’attraction, la gravitation ou toute autre force secrète auxquelles les hommes ont donné des noms savants sans pour autant y comprendre grand-chose. La prière est aussi palpable, aussi vraie, aussi évidente, aussi invariable que toutes ces lois de la matière et a une influence sur l'univers tout entier. Quand un homme prie vraiment, la question n’est pas de savoir si Dieu l'entend ou non, car Dieu est forcé de l'entendre. Et savez-vous pourquoi ? Non pas parce que sa prière véhiculerait une quelconque force de persuasion, mais tout simplement parce que cette prière repose sur une promesse de la part de Dieu. Dieu a promis d’entendre sa prière et il ne peut qu’être fidèle à cette promesse. En tant que Dieu très haut et véritable, il ne peut se contredire lui-même.

Prenez le temps de considérer tout ceci : vous qui n’êtes qu’un homme insignifiant, vous pouvez vous tenir debout devant Dieu, lui parler et, à votre demande, Dieu peut déplacer des montagnes.  Pourtant, lorsque votre prière est entendue, l’ordre de la création n’en est pas, pour autant, perturbé, la providence ne s’en trouve pas, pour autant, désorganisée une seule seconde. Tout va continuer de la même manière : pas une feuille ne tombera de l'arbre avant l’heure, pas une étoile n’interrompra sa course, pas une goutte d'eau ne jaillira plus lentement de sa source. Néanmoins, votre prière aura affecté toutes choses. Votre prière parlera aux décrets et aux  plans de Dieu, tel qu’ils sont appliqués jour après jour. Ces derniers répondront à votre prière, en disant : « Tu es notre sœur. Nous sommes des desseins et des ordonnances, et toi, tu es une prière et, comme telle, tu es également un décret, aussi vieux, aussi sûr, aussi ancien que nous le sommes. »

Mes frères, nos prières sont des décrets divins sous une autre forme. Les prières du peuple de Dieu ne sont rien de moins que des promesses divines exprimées par des cœurs vivants : ce sont des décrets divins sous une forme et un mode différents. Ne dites pas : « Comment mes prières peuvent-elles affecter les décrets ? » Elles ne le peuvent qu’à la condition d’être elles-mêmes des décrets. De fait, toute prière inspirée du Saint-Esprit est un décret, aussi omnipotent et aussi éternel que celui qui exprime : « Que la lumière soit et la lumière fut », ou comme ce décret qui détermine que la rédemption doive se faire par le précieux sang du Christ.

Vous avez du pouvoir par la prière, et vous êtes désormais parmi les ministres les plus puissants que Dieu ait créés dans tout l'univers. Vous avez du pouvoir sur les anges : ils voleront à vote secours si vous le demandez. Vous avez du pouvoir sur le feu, et l'eau, et les éléments de la terre. Vous avez le pouvoir de faire entendre votre voix au-delà des étoiles, là où le son du tonnerre est si lointain qu’il s’apparente à du silence. Là-haut, votre voix à vous peut être entendue. L'oreille de Dieu vous y écoutera et la main de Dieu se pliera à votre volonté. Il vous demande de crier : « Que votre volonté soit faite », et votre volonté sera faite. Quand vous êtes capable de plaider sa promesse, votre volonté est également la sienne. Mes chers amis, cela ne vous apparaît-il pas comme une chose terrible que de disposer d’un tel pouvoir entre les mains dès lors qu’on se met à prier ?

Sans doute avez-vous déjà entendu parler de ces mystiques bizarres qui prétendaient avoir des pouvoirs surnaturels au moyen desquels ils pouvaient, en invoquant des esprits de l’abîme, faire tomber la pluie ou arrêter la course du soleil. Tout cela n’est que le produit de l’imagination Mais admettons que cela fut vrai, le Chrétien leur serait supérieur. Il lui suffit d’avoir la foi en Dieu pour que rien ne lui soit impossible : il sera sauvé des eaux les plus profondes, il sera préservé des ennuis les plus graves, il sera nourri au temps de la famine, il ne sera pas atteint par la peste, il se tiendra debout et marchera d’un pas ferme au milieu des calamités, il sera protégé en temps de guerre, il relèvera la tête au cœur de la bataille. Il lui suffit de croire à la promesse, de la présenter aux yeux de Dieu et de plaider en sa présence avec le charme d’une confiance indéfectible.

J’insiste sur ce point : Il n'y a rien, aucune force aussi formidable, aucune énergie aussi merveilleuse, que cette puissance dont Dieu a pourvu chaque homme qui, à l’instar de Jacob, peut lutter avec lui dans la prière, et qui, comme Israël, peut remporter la bénédiction. Mais nous devons croire fermement que la prière est réellement ce levier qui permet de soulever des montagnes. Si je ne crois pas que ma prière sera efficace, elle ne le sera pas ; son efficacité dépend en grande partie de ma foi. Il se peut que Dieu me fasse une faveur, même si je n'ai pas la foi, il est souverain et entièrement libre de le faire. Mais ce ne sera pas sur la base de sa promesse. Par contre, quand j'ai la foi et que, animé d’un fervent désir, je peux plaider une cause sur base de cette promesse, l’accomplissement de ma volonté et la bénédiction qui va m’être accordée ne sera plus de l’ordre de la probabilité. A moins que l'Éternel ne se détourne de sa Parole, à moins que le serment qu'il a prononcé ne soit révoqué – dans quel cas Dieu cessera de lui-même d'être ce qu'il est – « Nous savons avec certitude que nous possédons la réponse favorable aux pétitions que nous lui avons adressées. »

4. L’attente de la réalisation

Enfin, à la définition de l’objet de notre prière, à l’expression fervente de notre désir, à la foi ferme dans l’efficacité de la prière,  il nous faut ajouter une dernière composante : l’attente de sa réalisation, autrement dit, la conviction que la réponse est déjà en chemin. Nous devrions pouvoir compter sur les miséricordes de Dieu avant de les avoir obtenues, être persuadés qu’elles sont déjà en voie de réalisation.

Le livre de Daniel rapporte un dialogue entre le prophète et l’archange Michaël. Daniel est à genoux, en prière, et l'archange Michaël vient le visiter. Dans son adresse, l’archange révèle à Daniel que, dès l’instant où ce dernier a commencé à prier, dès l’instant où il a mis son cœur en mouvement en s’humiliant devant Dieu, ses paroles ont été entendues, et, aussitôt,  le Seigneur a envoyé l'ange. Il lui dit ensuite, de la manière la plus commerciale qui soit au monde : « J'aurais dû arriver plus tôt, mais le prince de Perse m'a retardé. Toutefois, le prince de ta nation est venu me prêter main forte, et j’ai pu venir te réconforter enfin et te donner des instructions. » Voyez ce qui se passe : Dieu inspire un désir dans nos cœurs, et dès que le désir est là, avant-même que nous ne l'appelions, il commence à répondre. Tandis que nous savons ce que nous allons demander, avant que les mots ne soient parvenus à mi-hauteur vers le Ciel, il commence à leur répondre, envoie l'ange et à son ordre, l'ange vient apporter la bénédiction dont nous avons besoin. En quoi tout ceci serait-il encore une révélation si vous pouviez le voir de vos yeux ?  

Certaines personnes pensent que les choses spirituelles sont de l’ordre du rêve et que nous parlons de choses imaginaires. Il n’en est rien ! Je crois que la prière d'un Chrétien est aussi réelle que l’éclair. De fait, l'utilité et l'excellence de la prière d'un Chrétien peuvent être rendus aussi perceptibles que la puissance de l’éclair lorsque celui-ci s’abat sur un arbre, brise ses branches et le fend jusqu’à la racine. La prière n'est pas une fiction imaginaire ; c'est une chose bien réelle, qui a un impact sur l'univers, qui lie les lois-mêmes de Dieu avec des entraves et qui contraint le Très-Haut et le Saint à écouter la volonté de sa pauvre hutte, cette créature privilégiée qu’est l’être humain. Il faut y croire !

Nous avons besoin, dans la prière, de nourrir  l’attente de sa réalisation, d’alimenter la conviction que la réponse est déjà en chemin, de compter sur les miséricordes avant leur avènement,  d’agir comme si nous les avions déjà obtenues. Quand vous avez demandé votre pain quotidien, ne vous inquiétez plus de ce souci, mais croyez que Dieu vous a entendu et va vraiment vous le donner. Lorsque vous avez présenté à Dieu le cas de votre enfant malade, croyez que l'enfant va se remettre, et si ce n’est pas le cas, que ce sera en vue d’une plus grande bénédiction pour vous et d’un surcroît de gloire pour Dieu : remettez donc toutes choses entre ces mains. Vous devez pouvoir affirmer : « Maintenant, je sais qu'il m'a entendu, je vais me tenir comme un veilleur sur sa tour de guet, je vais me mettre à l’écoute de Dieu et entendre ce qu’il veut dire à mon âme. »

As-tu déjà été déçu, Chrétien, lorsque tu as prié avec foi dans l’attente de la réponse? Je peux en témoigner, ici, ce matin : jamais Dieu ne m’a trompé ou déçu dès lors que je lui faisais pleinement confiance. J’ai fait confiance aux hommes et j'ai été trompé. Mais mon Dieu n’a pas refusé de répondre une seule fois à la moindre demande que je lui ai faite en croyant qu’il accepterait de m’entendre et avec la certitude qu’il serait fidèle à sa promesse. 

D’aucuns diront : « Peut-on prier de la sorte pour des choses temporelles ? ». Bien sûr que vous le pouvez. En toutes choses, faites connaître vos besoins à Dieu. Ce n'est pas seulement pour les affaires d’ordre spirituel, mais aussi pour les préoccupations quotidiennes. Faites des plus petites choses un plaidoyer devant lui. Il est un Dieu qui entend la prière; Il est le Dieu de votre ménage aussi bien que le Dieu du Sanctuaire. Déposez tout devant Dieu. Comme un brave homme me le confiait récemment au sujet de sa défunte épouse : « Oh, c’était une femme à qui je ne pouvais rien demander sans qu’elle en fasse d’abord un sujet d’intention de prière devant Dieu. Même si tu me dis que cela n’en vaut pas la peine, disait-elle, je dois d’abord en faire un sujet de prière ! » Quelle bonne habitude que de déposer tout devant le Seigneur, tout comme Ézéchias le fit pour la lettre de Rabschaké qu’il venait de recevoir et qu’il apporta aussitôt au Sanctuaire de l’Eternel pour la déployer devant Lui.

Certains s’enthousiasment pour la vie de George Muller car, n’ayant pas un sou vaillant en poche, il rassembla sept cents enfants et crut que Dieu assurerait leur subsistance. Mais il n’a fait que ce qui devrait être considéré comme une action banale de la part d’un Chrétien. Il a agi sur base d’une règle dont le monde se moque, parce que le monde ne comprend pas ces choses. Le monde voit cela comme un manque de sens commun. Or cette manière de procéder s’appuie sur quelque chose de plus élevé que le sens commun : sur une foi hors du commun.  Oh, si seulement nous avions tous cette foi hors du commun, qui prend Dieu au mot !  Comment Dieu permettrait-il que l'homme qui se confie en Lui soit  confondu ou que la honte s’abatte sur lui ?

Voilà, j'ai donc exposé, du mieux que j’ai pu, ce qui m’apparaît  être les quatre aspects fondamentaux de la prière : la définition de l’objet de notre prière, l’expression fervente de notre désir, la foi ferme dans l’efficacité de la prière et l’attente de sa réalisation.

« Toutes les choses que vous désirez demander dans la prière, croyez que vous les avez reçues, et vous les verrez s'accomplir. »
 

Texte de Charles Spurgeon
Adaptation française: Phil Edengarden -  restauration.spirituelle@gmail.com

 

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