Mes
parents étaient spirites. Ils mettaient des annonces dans les journaux de
langue espagnole en indiquant qu'ils parlaient avec les morts, guérissaient les
maladies, aidaient à résoudre les problèmes. Il n'y avait qu'une pièce à la
maison alors nous, les enfants, nous devions tous sortir. Je passais donc la
plupart du temps dans les rues de New York.
Une
bande de gangsters
Un jour,
je me joignis à une bande de gangsters, les "Maus-Maus". Ils firent
donc de moi leur vice-président et le sergent chargé de l'arsenal. Nous avions
des ceintures de l'armée avec des baïonnettes, des armes blanches et des
revolvers. J'appris à manier le couteau de manière à blesser quelqu'un sans le
tuer. J'ai ainsi blessé seize personnes et je suis allé douze fois en prison.
Un jour,
nous étions en train de boire une limonade dans un grand magasin lorsque sept
membres du gang des "Bishops" entrèrent et nous provoquèrent. Il y
avait un couteau de boucher sur le comptoir. Un de mes potes le prit et frappa
cinq fois à la tête un des jeunes du gang rival. Je savais qu'il était mort. La
femme du patron voulut téléphoner à la police, mais un autre de mes potes
ramassa le couteau de boucher et la frappa mortellement à l'estomac. Puis nous
prîmes la fuite.
Seul
dans la ville
Je
n'avais pas touché le couteau et ne fus donc pas mis en prison. Mais mes
parents furent convoqués au tribunal. J'avais l'impression que c'était la
première fois qu'ils faisaient réellement attention à moi. Ils prirent peur et
décidèrent de quitter New York pour retourner dans leurs pays natal, à Puerto
Rico. Au retour de l'aéroport, où nous étions allé leur dire au revoir, mon
frère me donna un pistolet et me dit: "A présent, tu es ton propore
maître, Nick!". Avec mon pistolet, je menaçai un type à qui je soutirai 10
dollars pour louer une chambre où dormir. J'avais 16 ans.
Durant
le jour tout allait très bien: j'étais avec le gang. Mais la nuit, c'était
terrible. Seul dans ma chambre, 'aurais voulu cogner ma tête contre le plancher
pour cesser de penser aux deux personnes qui avaient été tuées dans le magasin.
Je m'éveillais en sursaut au milieu de la nuit et j'appelais ma mère.
Une rencontre
inattendue
En
juillet 1958, j'allais avoir 18 ans. A peine sortis du métro, alors que nous
menions une expédition punitive contre le gang des "Dragons" pour
venger un des nôtres, nous aperçûmes un attroupement à proximité d'une voiture
de police. Il y avait là des membres d'un gang ami, les "Chaplains",
rassemblés autour de deux types que je n'avais jamais vus. L'un deux avait un
clairon. Alors quelqu'un apporta le drapeau américain et la voiture de police
s'éloigna. Tout cela voulait dire que les deux types allaient tenir une réunion
de plein air.
L'un
d'eux monta sur une chaise, ouvrit un livre et lut:
- «D.ieu
a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en
LUI ne périsse point mais qu'il ait la vie éternelle.»
Puis il
se mit à prêcher au sujet de l'amour de Jésus pour "quiconque".
J'ordonnai
aux gars de mon gang de nous en aller mais, pour la première fois, ils me
désobéirent. Puis, tout à coup, le prédicateur se tourna vers moi et me dit:
-
«Nicky, je t'aime.»
Jamais
personne ne m'avait dit ça. Ne sachant que faire, je répondis: - « T'approche
pas de moi, prêcheur, ou je te tue!»
Seulement,
en oubliâmes d'aller nous battre contre le gang des Dragons.
Le challenge
Plus
tard, le prédicateur revint nous inviter à une grande réunion organisée pour
les gangs au centre de New York, à Manhattan. Je n'avais pas l'intention d'y
aller, mais le prédicateur envoya un bus pour nous prendre. Arrivés à la salle,
nous fûmes surpris d'y voir trois rangées de chaises qui nous étaient réservées.
Lorsque
le prédicateur annonça la collecte pour payer la location de la salle, il dit:
- « Nous
allons demander à des membres des gangs de la faire. Puis-je avoir six
volontaires? »
En une
seconde, j'étais debout. Je désignai cinq de mes gars. Je pensais m'enfuir par
une porte dérobée avec le fruit de la collecte et, de cette manière,
ridiculiser le prédicateur. Mais le prédicateur me faisait confiance et cela ne
m'était jamais arrivé. Alors mes gars furent surpris de me voir monter sur
l'estrade pour lui remettre l'offrande. Jamais un auditoire n'avait connu un
tel silence aussi rapidement!
Puis le
prédicateur se mit à parler du Saint-Esprit, disant qu'il pouvait entrer dans
les gens et les rendre purs. Il ajouta que, quoi que nous ayons fait, le Saint-Esprit
pouvait nous faire naître de nouveau. Soudain je me pris à désirer cela
intensément. C'était comme si je me voyais pour la première fois. Toute la
noirceur de mon âme, la haine, la folie, passaient comme un film devant mes
yeux.
Une vie
nouvelle
- « Vous
pouvez devenir quelqu'un d'autre, dit-il. Votre vie peut être changée. »
Je le
désirais, j'en avais besoin, mais je ne croyais pas que cela puisse m'arriver.
Le prédicateur nous invita à nous avancer vers le podium si nous voulions être
changés mais je croyais qu'il n'y avait rien à faire pour moi. Alors Israël,
notre chef de gang, nous dit de nous lever tous.
- «Je
suis le Président, dit-il, et tout ce gang va se lever !» .
J'étais
le premier de la rangée ! Je m'agenouillai et je prononçai la première prière
de ma vie:
- «Cher
Seigneur, je suis le plus grand pécheur de New York. Je ne crois pas que tu me
veuilles à toi. Mais si tu me veux, je me donne à toi. Je veux devenir aussi
bon pour Jésus que j'ai été mauvais dans le passé.»
Rentré
chez moi, je me demandais si le Saint-Esprit était réellement en moi, et
comment je le saurais. Et ce qui se passa en premier quand je fus dans ma
chambre, c'est que je n'avais plus cette peur. J'ai ressenti comme une
compagnie agréable, comme si ma mère était revenue.
Livre de Nicky Cruz :
" Du ghetto à la vie ", Ed. Vida, 2015
Livre de Nicky Cruz :
" Du ghetto à la vie ", Ed. Vida, 2015
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