Aussi loin
que je puisse me souvenir, j’étais animé par la violence. Même tout petit, au CM1, il y avait des
gamins qui me poursuivaient et avec lesquels je me battais.
Pendant la
préadolescence, j’ai traîné avec des gars pas très clairs, et cela jusqu’au
jour où j’ai rencontré des punks, avec lesquels je me suis lié d’amitié. Au
début le groupe était assez marginal, mais sans grande influence : nous
n’étions que 4-5. Puis d’autres punks ont entendu parler de la bande et c’est
devenu un gang assez conséquent. On traînait dans un village de la banlieue de
Toulouse. Nos journées étaient faites de
vols, violence, drogue, bagarres avec les gangs.
Une
rencontre inattendue
Un jour où
je déambulais avec mon gang, j’ai croisé un gars qui m’a reconnu. Il avait été
à l’école avec moi. Il était chrétien. Lorsqu’il m’a vu avec la crête sur la
tête, une crête de 12 centimètres de haut, couleur fluo, avec les chaînes
cloutées, il est rentré chez lui et il a aussitôt prié pour moi. Il a demandé à
Dieu de m’aider à sortir de là.
Il a été
courageux, car il s’est renseigné pour savoir où se trouvait notre squat, où
nous passions nos soirées. Lorsqu’il a trouvé le squat, prenant son courage à
deux mains, il est venu nous trouver. Chose tout à fait invraisemblable, il a
réussi à entrer dans le squat et à venir jusqu’à moi. Sans dire un mot, il
s’est assis, et pendant plusieurs jours il est venu s’asseoir et reprendre
contact, faire en sorte que les gars de la bande s’habituent à lui, et puis, un
jour, il m’a parlé. Il m’a dit que la vie ce n’était pas ça, il pouvait y avoir
autre chose que la violence, la bagarre, etc... Il a ensuite fait quelque chose
que personne n’avait jamais fait pour moi : il m’a invité à manger chez lui ! J’ai
pris cela comme un challenge, car je pensais que jamais ses parents ne me
laisseraient rentrer chez eux avec un revolver à la ceinture.
Le jour J,
lorsque je suis arrivé à la porte de la maison. Sa mère m’a accueilli avec le
sourire, elle m’a fait rentrer et mon regard s’est porté sur la cuisine, où la
table était déjà mise. J’ai compté le nombre de couverts qu’il y avait ; je
voulais savoir s’ils m’avaient compté ou pas. Je me suis vraiment bien senti
avec eux. Il n’y a pas eu une seule allusion à ma crête, à mon revolver, à ma
vie. Au moment de repartir, toute la famille m’a invité à revenir quand je
voulais. Ce jeune homme, qui s’appelait Thierry, a gardé contact avec moi, et à
chaque fois que j’en avais marre de la vie que je menais, je me retrouvais chez
eux. C’était devenu mon havre de paix.
Grimaces au
culte
Un samedi
soir ils m’ont gardé chez eux à dormir. Le lendemain matin, Thierry est venu me
réveiller: « lève-toi, nous allons à l’église ». Pour moi cela ne voulait rien
dire, je ne savais même pas ce qu’était une église. Après avoir râlé un peu,
mais à cause de leur insistance, je me suis dit: « Puisqu’ils veulent m’avoir
dans leur église, ils vont m’avoir… »
Alors j’ai
fait ma crête, je me suis maquillé, j’ai mis mon revolver à la ceinture, et
nous sommes partis. Une fois arrivés à l’église, j’ai attendu que tout le monde
soit assis pour aller m’asseoir tout devant. J’ai passé le culte à faire des
grimaces, à regarder les gens méchamment, à leur faire peur. Mais après le
culte, les gens me souriaient, certains sont venus me saluer, et j’ai vraiment
ressenti la paix dans ce lieu. Et je suis retourné à ma vie habituelle.
Quelque
temps plus tard, Thierry est venu me voir pour m’inviter à un rassemblement
chrétien. Il a insisté et j’y suis allé. Mais en fait, je n’ai pas mis les
pieds à ce rassemblement: j’ai passé ma journée au bar le plus proche.
A 17H30
nous avions rendez-vous pour repartir, et là j’ai remarqué une petite mamie -
toute petite - qui me fixait attentivement. On me regardait souvent, à cause de
mon look ce n’était pas rare. Mais cette petite mamie me regardait
différemment. Elle me fit signe de m’approcher. Lorsque je suis arrivé près
d’elle, elle s’est mise à parler avec une telle autorité que je ne pouvais pas
faire autrement que de l'écouter: « Jeune homme, me dit-elle, je ne vous
connais pas, je suis une chrétienne qui assistait au rassemblement et Dieu m’a
parlé. Il m’a montré votre visage en vision et Il m’a dit de vous dire ceci : «
Jésus vous aime et Il va faire de vous un serviteur. »
Malgré la
muraille de protection que j’avais érigée, ces paroles ont littéralement
transpercé mon cœur. Et cette mamie de rajouter : « Je ne vais certainement
plus jamais vous revoir, mais je suis tellement sûre de ce que je vous dis que
je vais vous laisser un présent, que vous garderez toujours avec vous. Ainsi,
le jour où cela arrivera, vous vous rappellerez de ce que Jésus vous a dit
aujourd’hui. Elle fouilla dans ses poches et en sortit une petite souris en
plastique. J’ai alors ressenti un tel amour dans mon cœur que, submergé par les
paroles de cette petite mamie, j’ai pris cette petite souris et je suis allé me
cacher sous des escaliers, où j’ai pleuré, et pleuré encore.
Une fois de
plus, j’ai repris mon train de vie habituel et rien n’a changé. Je suis
retourné auprès de mon gang. Je ne pouvais pas me retenir d’être violent, en
paroles, en actes, et j’étais détesté par toutes les personnes qui me
rencontraient. Ils m’évitaient.
Dix punks,
armés, devant la porte !
Un soir, un
gars de mon gang est allé en boite de nuit tout seul et il s’est fait frapper
par un autre gang. Nous avons donc décidé de monter à une dizaine une
expédition punitive la semaine suivante, pour tout casser dans la boite en
question et se venger. Alors que nous étions en chemin, un épais brouillard est
tombé d’un seul coup, qui nous occultait véritablement la route. Plus moyen de
faire avancer le véhicule. Nous avons vu un sentier sur le côté de la route,
nous l’avons emprunté et il nous a conduits à une maison. Sans but précis, nous
avons décidé de frapper à la porte de cette maison.
Imaginez
dix punks maquillés, armés, devant la porte ! Une femme est venue ouvrir, et au
lieu d’être apeurée, elle a esquissé un petit sourire, nous a souhaité la
bienvenue et nous a invités à entrer. A notre stupéfaction, elle nous a ensuite
demandé de nous asseoir dans la salle à manger, où elle nous a proposé à boire.
Quelques minutes plus tard, quelqu’un a sonné à la porte. Nous avons entendu un
chaleureux : « Bienvenu, pasteur. » Nous étions chez des chrétiens qui
attendaient la venue de leur pasteur, et quand nous sommes apparus à la porte
de cette maison, cette dame s’est dit que c’était Dieu qui envoyait ces jeunes.
La soirée s’est passée dans le calme, à deviser des choses de Dieu. Deux d’entre
nous avons été touchés dans notre cœur par les paroles de ce pasteur, et je
n’ai pas manqué de me rappeler les paroles de la mamie dont je gardais toujours
la petite souris sur moi.
Membre d'un
gang violent, je ne voulais pas laisser transparaître mes sentiments, mais un
beau jour, n’y tenant plus, je me suis rendu à notre squat pour déclarer
publiquement que j’avais l’intention d’arrêter ce mode de vie. Il y avait là
tout le gang et ma copine, Lydie. Cependant,
j’avais tellement la trouille que la seule chose que je sois arrivé à
dire est : « Les gars je suis mort. » Ils ont pensé que je m’étais pris un coup
de couteau, et ils me regardaient… Mon cœur battait à du 100 à l’heure. Puis je
leur ai annoncé tout à trac: « Voilà les gars, j’arrête tout, je laisse tout
tomber, je change de vie, je donne ma vie à Jésus. » Et je suis sorti de là
sous une pluie d’insultes.
Prodigal Son
Je suis
rentré chez mes parents. Arrivé dans la chambre, je me suis déshabillé, j’ai
rasé ma crête, et j’ai crié à Dieu, mais véritablement crié, en lui demandant
de changer ma vie sur le champ : « Maintenant il faut que tu existes Seigneur !
Car si tu n’existes pas je suis mort ! » Dès cet instant, Dieu a fait de
véritables miracles en moi, et ma vie a changé. Toute ma jeunesse avait été détruite
à cause de la violence, que ce soit à l’école, dans ma famille, chez des amis
ou ailleurs. Et Dieu a véritablement changé et transformé ces choses-là.
Je suis
retourné à l’église. Aujourd’hui cela fait 19 ans que je me suis décidé à
suivre Jésus et que je suis à son
service par un ministère d’édification et de prédication. C’est en sortant la
petite souris en plastique de ma poche que je me suis souvenu que c’est par
l’entremise d’une mamie qu’il m’en avait, un jour, fait la promesse.
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